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LES DEUX VÉRITÉS. RAYMOND LULL ET JEAN DE JANDUN

Il semble que, laissant aux théologiens le souci des recherches abstraites, les maîtres-ès-arts se soient fort peu livrés, à ce moment, aux méditations métaphysiques ; si nous exceptons les deux premières questions traitées par Maître Ulrich, futur théologien, nous ne trouvons aucune discussion qui ait un objet de Cosmologie. La plupart des quolibets disputés à la Faculté des Arts révèlent, chez ceux qui prenaient part aux débats, le goût des choses concrètes et positives.

Deux des questions déclarées par Jean Vate ont trait à ce que nous appelons aujourd’hui l’économie politique, x

La première examine[1] « Si le prince peut faire une monnaie qui soit en partie d’or et en partie d’argent. » Au sujet de la loyauté de la monnaie, elle pose avec netteté les principes que Jean Buridan et Nicole Ores me développeront plus lard avec tant de bonheur.

La seconde[2] demande « si l’usure doit être permise dans l’état. » Elle condamne l’usure endos termes tout semblables à ceux dont se sert le traité De usuris faussement attribué à Saint Thomas d’Aquin.

Hors les quelques questions de Physique et de Métaphysique examinées par Ulrich et les deux questions d’économie politique discutées par Jean Vate, hors les nombreux sophismes dont la solution exerçait l’habileté du logicien, la plupart des autres quolibets peuvent se ranger en deux catégories ; d’une part ceux qui ont trait aux sujets traités par les livres des Météores et à la Géographie ; d’autre part les sujets de Physiologie et de Médecine.

Au cours des quolibets de la première catégorie, le nom d’Albert le Grand est fréquemment cité ; assurément, Bacon n’exagérait pas quand il signalait, dans l’Opus minus, la très grande autorité dont ce docteur jouissait au sein des Écoles.

L’ouvrage qu’invoquent le plus volontiers les quolibets de la seconde catégorie, ce sont les Problèmes d Aristote.

La vogue de cet ouvrage était nouvelle parmi les maîtres ; c’est à Pierre d’Abano, semble-t-il, qui ! la faut attribuer.

1. Ms. cït., fol. 74, col. a. — Au sujet de ces questions de Jean Vate, B. Hautéau écrit (Üp. laad., p. 221) : La première série est incomplète ; nous n’en avons que la fin. Une note nous avertit qu’il faut en chercher plus loin le commencement ; mais c’est une recherche que nous avons faite en vain ». — En effet, eu haut de la col. a du fol. 74. nous lisons : gttere m/érûu principiam hujus quod hic. déficit. Mais ce commencement qui manque à cet endroit et qui, d’ailleurs, se réduit a deux lignes, est écrit dans la marge, au bas de la colonne, et suivi de ces mots ; (Juere in prmcipio istius coluinpne supra. Nous avons ainsi, en son entier, la première question de Jean Vate, qui est celle dont nous parlons dans le texte.

2. Ms. cit., fol. 75, col. a.

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