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LES DEUX VÉRITÉS. RAYMOND LULL ET JEAN DE JANDUN

bien que le traité dont il provient ne soit certainement pas authentique.

L’auteur examine, en ce passage, « comment on doit comprendre les éléments ».

« Voici, mon fils, comment tu dois les comprendre : Les éléments sont tous composés ; la Nature, en effet, ne peut subsister qu’en la matière d’un composé simple ; celui-ci est formé d’éléments qui, à leur tour, sont composés au moyen d’une matière fine et claire, vraiment élémentaire ; cette composition des éléments est produite par la vertu élémentative, en laquelle réside une force de végétation. C’est, pourquoi, mon fils, tous nos éléments sont en chacun d’eux, et chacun d’eux est en forme de cercle, et ces cercles composent le cercle du mixte simple… À chacun des éléments minéraux, nous donnons le nom de l’élément qui domine en lui… Comprends donc, mon fils, de quelle manière nos éléments sont composés et formés des éléments purs. Dans notre terre, il y a du feu lumineux : le feu prend part, dans un rapport approprié, à la composition de la terre. De même, notre terre contient de l’air et de l’eau ; ces divers éléments participent en plus ou moins grande proportion à la formation de cette terre… Il en est de même de nos autres éléments ; dans notre eau, il y a du feu, de l’air et de la terre. »

Si la vertu élémentative tire son activité des formes des quatre éléments et sa passivité des matières de ces mêmes éléments, il est cependant un élément dont sa nature la rapproche plus que de tous les autres ; cet élément, c’est le feu.

« L’élémentative est en la puissance du feu[1] ; elle y est l’image de l’infinité et de l’éternité de Dieu, car le feu brûlerait indéfiniment et éternellement si on lui fournissait une quantité infinie de bois. » La chaleur est sa qualité propre. « La sécheresse. au contraire, est. pour elle, une qualité acquise, car c’est de la terre qu’elle reçoit la sécheresse ; et il en est de même des autres complexions, sauf de la chaleur, en ce qu’elle les reçoit des divers éléments. »

Il semble que le dégagement de chaleur qui accompagne ordi-


    quot chemici ; nunc primum, excepte Vade mecum, in luceem opera Doctoris Toxitæ editi. Quorum omnium nomina versa pagina dabit. Cum privilegio Caes. Maiestat. ad decennium. Basileæ, apud Petrum Pernam, MDLXXII. Testamenti novissimi Raimundi Lullii De practica liber secundus ; Quomodo debes intelligere elementa, capp. I et II ; pp. 89-91.

  1. Raymundi Lullii Ars magna ; IXa pars principalis : De novem subjectif ; cap. LIII ; De elementativa per regulas deducta ; éd. cit., pp. 440-441.