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L’ESSENTIALISME

thèse, ni ici ni là, l’universel serait encore l’universel en l’existence essentielle. »

Tout ce qui a été dit de l’existence des universaux en la réalité extérieure à notre esprit a été dit, ici, selon la doctrine péripatéticienne ; la doctrine platonicienne exigerait qu’on y apportât des modifications.

« Pour parler à la manière platonicienne[1], nous devons admettre que les idées des diverses espèces subsistent en elles-mêmes, dans la réalité extérieure, tout comme elles subsistent en elles-mêmes, d’un façon objective[2], dans l’intelligence ; de cette façon subsisteraient l’homme en soi, le bœuf en soi, et ainsi des autres. Une telle idée, une telle forme serait alors vérité pure, puisqu’elle est pure quiddité universelle subsistant en soi. Les Platoniciens admettent, en effet, que l’essence du cheval (equinitas), séparée de toute différence individuelle et de tout attribut, tout comme elle subsiste actuellement d’une manière objective[3] en l’intelligence, subsiste aussi, en soi, dans la réalité extérieure.

» Au dernier livre de cette Métaphysique[4], nous dirons ce que contient de vrai cette théorie platonicienne des universaux séparés des choses singulières. »

Ce que Bonet dit de cette théorie, nous l’avons rapporté ; nous avons vu quelles favorables dispositions il manifeste à l’égard du Platonisme.

1. Nicolai Boneti Op. laud., lib. V, cap. V ; ms. n" 6678, fol. 68, r° ; ms. n° 16182, fol. 47, col. c.

2. Aujourd’hui, dous dirions : subjective.

3. Nous dirions subjective.

4. L’indication est erronée ; Bonet traite celle question au septième livre de sa Métaphysique, qui en compte neuf.

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