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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

» Enfin d’autres tiennent ce troisième propos : Non seulement cela est possible mais, qui plus est, cela est nécessaire. »

« Mais, nie demanderez-vous[1], de ces trois opinions au sujet de l’hypothèse des quiddités,-laquelle vous parait la plus convesibilité, ne me paraît pas vraie. La seconde, qui en pose la nécessité, je la regarde comme douteuse. La troisième, qui en admet la possibilité, me parait la plus congrue. »

Laissons de côté l’opinion qui refuse aux quiddités L’existence essentielle séparée de l’existence actuelle ; bornons-nous à constater que Bonet la rejette[2], et venons aux doctrines pour lesquelles il se montre moins sévère.

Voici d’abord celle qui se croit en état de démontrer la nécessité de l’existence essentielle ; Bonet nous a annoncé qu’il la regarde comme douteuse ; nous allons voir, en effet, qu’il adresse une objection à la démonstration proposée : mais cette objection laisse cependant subsister une partie de la conclusion, et cette partie sauvegardée semble, en la Métaphysique de notre auteur, jouer un rôle d’extrême importance.

Rapportons d’abord ses propos ; nous Les commenterons ensuite. Les voici[3] :

« Occupons-nous maintenant de rechercher s’il y a nécessité de poser les quiddités en une telle existence essentielle (esse quidditativum). Voici les raisons qui poussent à poser les quiddités en l’existence essentielle et qui impliquent nécessité de le faire :

» En premier lieu, à la puissance productive que possède un agent correspond toujours quelque puissance du côté de la chose susceptible d’être produite ; et cette puissance disposée à la production réside en quelque fondement positif.

» En second lieu, la nature de l’être se subdivise en être en puissance et être en acte ; or la nature de ce qui a été subdivisé est conservée en chacune des choses obtenues par cette subdivision.

» En troisième lieu, cette proposition : L’homme est un être animé, est vraie de toute éternité ; le rapport (habitudo) de ces deux termes est donc éternel ; mais [l’éternité de] ce rapport suppose existence éternelle [des deux termes].

1. Nicolai Boneti Op. laudrJ lib. III, cap. XIX, ms. d& 6678, fol. 55, r° ; ms. no 16132, foL 37, col. c.

2. Nicolai Boneti Op. laud., Lib. III, cap. XVII : ms. no 6678, FoL 53t vo ; ms. n1’ 1613s, foin 36, coL b.

3. Nicolai Boneti Op. laud., Lib. III, cap. XVIII ; ms. n<> 6678, fol, 54, r° et vo ; i6i32, foL 36, coIL c et d ; folt 37, col* a<

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