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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

Que doit-on, tout d’abord[1], entendre par ces mots : Deux choses sont formellement identiques, ou par ceux-ci : Deux choses diffèrent formellement l’une de l’autre ?

Deux choses sont dites formellement identiques lorsque l’une d’elles est la définition de l’autre. « On peut encore dire d’une autre manière : Plusieurs choses sont identiques formellement lorsqu’elles impliquent toutes une d’entre elles et si, lorsqu’on les définit toutes, il se trouve que ce quelque chose est la définition de toutes les autres sans qu’on ait à y a jouter rien d’essentiel. — Vel alio modo esse idem formai’iter est quando ilia plura diffinirenlitr, illud untmi esset definitio aliorum ntillo addito quidditative. »

Un exemple éclaircira cette pensée.

Voici, d’une part, l’homme, et, d’autre part des hommes individuels, Pierre, Paul, Formons la définition de l’homme, de Pierre, de Paul. Nous constatons qu’on Pierre, en Paul, l’homme est impliqué, et que la définition de l’homme est, en même temps, la définition de Pierre et celle de Paul. Sans doute, en Pierre, en Paul, certaines choses s’ajoutent à l’homme ; mais ces choses sont des différences individuelles et des accidents ; elles sont de celles qui ne peuvent entrer dans la définition parce qu elles n’atteignent pas l’essence. Dans ces conditions, l’homme, Pierre, Paul sont formellement identiques entre eux.

Ainsi, identité formelle, cela vent dire identité de définition ; des choses diverses dont la définition est identique sont formellement les mêmes ; comme dit Bonet, elles ont même raison formelle (ratio formalis’).

Cela posé, « au sujet de ce terme : formalité, ou : quiddité, cherchons[2] ce qu’il est, ce qu’il n’est pas et en combien de façons on le prend.

Une chose s’ajoute à une autre ; ce qui est constitué par cette addition a une certaine définition, une certaine raison formelle ; si, sans changer la seconde chose, on change la première, cette raison formelle est modifiée ; la première chose est une formalité du quiddité.

On peut encore dire ceci : Toute chose a une essence, une raison formelle qu’exprime sa définition ; toute chose incluse en cette

1. Nicolai Bûneti Metaphysica, lib. !  !  ! > cap, IV ; Bibl. Nat, fonds latM ms. d<* 6678, fol* 46,  ; ms. qo 16182, fol. 3i. col. b,

2. Nicolai Boneti Op. laud.t Lib* 111. cap. III ; nia. n* 6678, foL 45, v° et fol— 4&>  ; ms. n° i6l32. fol* 3i.coL a »

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