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L’ESSENTIALISME

rielle, il y a une science propre que l’on pourrait appeler Théologie naturelle. » Délaissant, pour le moment, l’étude de cette substance incorporelle, il va traiter de la substance corporelle. C’est clairement annoncer, nous semble-t-il, qu’une Théologie naturelle devra faire suite au Traité des prédicaments.

Que ces quatre écrits, la Métaphysique, la Philosophie naturelle, le Traité des prédicaments et la Théologie naturelle, dans l’ordre où nous venons de les énumérer, forment bien les quatre parties d’un ouvrage complet, l’auteur même prend soin de nous le dire dans une courte déclaration qu’il formule après avoir achevé sa Théologie naturelle. Voici la traduction de cette déclaration[1] :

« Mettons donc fin à ce qui a été dit dans cet unique volume dont les livres sont les suivants :

» Le premier est la Métaphysique, qui traite de l’être en tant qu’être et îles passions propres de l’être ; cet art est extrêmement universel ; il est applicable à tous les objets ; dans l’ordre où il se trouve écrit, aussi bien que dans l’ordre de la doctrine, il précède les autres.

» Le second livre est le livre De la nature, ou livre des Physiques. Le sujet de ce livre, c’est la nature commune aux dix principes généraux. En la Physique, ou s’enquiert des passions qui sont propres à la nature limitée considérée d’une manière commune.

» Suit alors le troisième livre, qui est le livre des Prédicaments ; il contient dix livres partiels, car à chaque genre de prédicament correspond un livre partiel.

» Vient enfin, dans ce volume, le livre de la Théologie naturelle ; le sujet de ce livre, c’est le premier Moteur immobile ; on y traite aussi des passions négatives ou positives de ce Moteur et des annexes de ces passions.

» Il n’est rien, dans les livres susdits, que je vous affirme avec opiniâtreté ; je vous le présente seulement comme un discours probable ; en effet, au sujet de ces grands secrets de la nature et, spécialement, des ineffables secrets du ciel, on ne doit rien affirmer d’une façon téméraire ; tout doit être traité d’une manière probable et avec un entier respect.

» En toutes ces questions, je ne souhaite pas simplement de trouver un pieux lecteur, mais encore de rencontrer un libre correcteur ; et plaise à Dieu que mon ouvrage suscite autant d inventeurs et de gens qui l’exposent pieusement qu’il aura de contradicteurs.

  1. Bibliothèque nationale, fonds latin, ms. no 16132, fol. 302, coll. a et b.