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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

met pas un esse essentiie irréductible à l’esse existentæ et à l’esse rationis. Or, pour Duns Scot, il n’y a pas d’essence séparée de l’existence actuelle ; la soi-disant existence essentielle se ramène à la pure possibilité logique, à l’absence de contradiction entre les ternies ; les formalités ne sont plus que des notions, les distinctions formelles que des opérations intellectuelles ; à la place de ce demi-réalisme professé par François de Meyronnes, de ce demi-réalisme que nous avons appelé essentialisme mais auquel on allait généralement donner l’épithète de Scotisme, c’est un pur conceptualisme qu’enseignait le Docteur Subtil. Si, de ce Scotisme, Henri de Gand fut le précurseur et François de Mayronnes le véritable initiateur, en revanche, Jean de Duns Scot ne fut nullement Scotiste.

II

Nicolas Bonet

Le Traité des formalités qui résume, pour ainsi dire, la doctrine de François de Meyronnes et codifie ce qu’on a appelé le Scotisme est, en général, publié sans nom d’auteur. Cependant, en 1489, une édition de Venise[1], vraisemblablement la première de ce traité, lui donnait ce titre : Nicolai Boneti Formalitales secundum mentem Doctoris Subtilis Scoti. Celte attribution du Traité des formalités au franciscain Nicolas Bonet est-elle fondée ? Nous n’oserions l’affirmer. Mais la lecture des œuvres authentiques de cet auteur nous la rendra vraisemblable, car, bien souvent, elle nous fera reconnaître en Bonet un disciple de François de Meyronnes.

Né à Messine et membre de l’ordre de Saint François, Nicolas Bonet lut, le 27 novembre 1342, nommé à l’évêché de l’Île de Malte. Il mourut en 1360*

Nous avons pu consulter les rédactions manuscrites[2] de ses

1. Nicolai de Orbellis Logicae Summula una cum textu Petri Hispani. Colophon : In hoc volumine habes summulam Nicolai de orbellis una cum textu Pétri tmpani : deinde passas Francisci mayronis : et tria principia Antonii andree et formalitales Boneti et Scoti : necnon fallacias sancti Thome ac tractatum de ente et essentia, et impressum Venetijs per Bernardinum de choris de Cremona et Simonem de Luero. Die 7o novembris 1489 (Cité d’après Hain, Repertorium bibliographicum, 12051).

2. 1o Bibliothèque nationale, fonds latin, ms. no 6678.

Fol. 2 recto, d’une écriture plus récente que celle du texte et presque effacée, ce titre : Philosophia naturalis magistri Nicolai Boneti. Omnes homines, ymo omnes nature intellectuales cum universaliter scire desiderant, a primis scibilibus secundum naturam est incipiendum.

Fol. 106, ro : Irnponanius ergo finem dictis in ista metaphisica, que

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