Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VI.djvu/483

Cette page n’a pas encore été corrigée
473
L’ESSENTIALISME

de ce qui est naturellement apte à recevoir la réalité ; en cc dernier sens, toutes ces quiddités sont réelles. » C’est, en effet, en donnant au mot réel ce sens général que l’on peut, dire : « Tout être est un être réel ou un être de raison. Or ces quiddités, comme on l’a vu, ne sont pas des êtres de raison ». Ce sont donc des êtres réels.

C’est aussi en cc sens que François de Meyronnes accepterait l’épithète de réaliste.

À une époque inconnue, mais qui, peut-être, fut assez rapprochée de celle où vécut François, un auteur qui a gardé l’anonyme rédigea un Traité des formalités dans l’esprit de Scot et de François de Meyronnes[1].

Cet opuscule expose avec beaucoup de minutie la théorie des formalités et des réalités dont nous avons pu lire les principes dans les écrits authentiques de François de Meyronnes ; c’est à peine s’il s’écarte, en un ou deux points de détail, et qu’il a soin de signaler, de la doctrine formulée par le franciscain de Digne. Nous ne croyons pas exagérer l’importance de ce Traité des formalités en disant qu’il résume la méthode à laquelle on a donné le nom de Scotisme.

Or, si l’auteur de ce traité a eu pleinement raison de dire qu’il avait été rédigé secundum mentem Magistri Francisci de Mayronis, c’est bien à tort qu’il y a joint cette autre indication : secundum mentem Doctoris subtilis Scoti. La relation que le Tractatus formalitatum, à l imitation de François de Meyronnes, établit entre la formalité et la réalité, et dont il fait la pierre d’angle de tout son système, cette relation, disons-nous, est incompréhensible pour qui ne distingue pas l’essence de l’existence, pour qui n’ad-

1. La seconde édition de ce traité se trouve, croyons-nous, en la collection suivante :

Un fol., blanc au recto, porte, au verso, une épitre dédicatoire de Laurentius Ruscius Valentinianus à Nicolaus Maria, princeps Estensis. Au fol. sïgn. a ij, col. a, se lit ce titre : Tria principia clarissimi Doctoris Antonij andree secundum doctrinam doctoris subitilis Scoti. Nec non et expositio Francisci Matronis docZor/j illuminait super octo libros phisicorum valae utilis et breuis ïuxta A ri, propositiones et demonstrationes et formalitates eiusdem. — Fol. sign. n, col. a : /ncipit for, secundum dodrinam Franc* mai. FoL sign. p iij, col.d, colophon : Et sic finitur traciatus formalitatum secundum doctrînam Doctoris subtilis Scoti et Magistri Francisci de Mayronis ordinis minorum*— Dernier foL, recto : lmpressumin inclila Civ ita te Ferrarie rognante Hercule Duce secundo per Magislrum Laurencium de rubeis de valencia Anno domini. MccccJxxxx. v. Idus Madii* verso : In hoc volumine continent ur. Tria principia Anto*nij Andhee ordinis minorum. Expositio Fhan* mayronîs onbnû minorum super octo lib. physicorum. Formalitates eiusdem Francisci Mayronis* Tractatus eiusdem de principio compleoco, Tractatus eiusdem de termims theologicis. Tractatus de ente et essencia secundum Thomam.

De la première édition, il sera question en l’art, suivant.

  1. 1