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L’ESSENTIALISME

Ailleurs[1], notre franciscain écrit, d’une manière analogue : « Il y a, dans les créatures, quatre modes qui sont totalement adéquats mais qui tous, cependant, sont distincts les uns des autres : ce sont l’existence, l’actualité, la contingence et la réalité. »

Nous arrivons maintenant à l’une des propositions auxquelles François de Meyronnes, en tout son système philosophique, attache la plus grande importance ; cette proposition, la voici : Un seul et même mode intrinsèque peut affecter simultanément sieurs quiddités et, par là, réunir ensemble ces quiddités diverses.

Ainsi, en une seule réalité pourront se trouver conjointes ensemble plusieurs formalités. « La réalité[2] pourra donc être ce mode intrinsèque par lequel un grand nombre de rations formelles sont dites réelles sans que cette réalité présente la moindre variété ni la moindre multiplicité…

» De même, une seule existence se trouve en notre âme et en toutes ses facultés, et cependant, il y a là une multitude de quiddités.

» On pourra en dire autant des formalités et de la réalité ; un grand nombre de formalités pourront être en une même réalité qui ne présentera aucune variété, mais sera absolument simple. »

Parmi les modes intrinsèques dont nous parlons en ce moment, il nous faut considérer l’hœccéité « Le premier de ces modes est l’hœccéité ou propriété sindividuelle ; car l’hœccéité est un mode intrinsèque qui n’apporte pas de changement à la raison formelle ; en effet, les individus d’une même espèce diffèrent les uns des autres par leurs hœccéités et cependant, ils sont tous de même raison formelle. »

François de Meyronnes n’identifie pas, comme l’avait fait turcs, l’un de ces deux modes intrinsèques ne puisse aller sans l’autre, notre auteur, cependant, les distingue l’un de l’autre[3], comme il distingue l’existence, la réalité, l’actualité, la contingence tout en reconnaissant qu’aucune de ces manières d’être ne saurait, en la nature créée, se rencontrer sans les autres.

Comme il arrive pour les autres modes intrinsèques, une même

1. Francisci de Matronis Quæstiones quodlibetales, quæst. VIII, art. VIII ; éd. cit., fol. 242, col. c.

2. Francisci de Mayronis Dist. VIII, quæst. V, art, II ; éd. cit., fol. 49, col. b.

3. Fkangisci de Mayrûnis Conflatus, Dist. XLH, quæst. IV, art. 1 ; éd. cito fol. 121, coll. b et c.

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