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VANITÉ DE LA MÉTAPHYSIQUE

nier qu’il puisse y avoir progrès à l’infini en une suite de causes hiérarchisées d’elles-mêmes et par essence. »

Bassols résout donc ces arguments qu’il ne regarde pas comme des preuves irréfutables, puis il conclut en ces termes[1] :

« Ainsi, il faut affirmer qu’il y a, en l’Univers, un être absolument premier,… Mais c’est par la foi seule que nous en avons la certitude, et cela n’est pas démontré. »

Jean de Bassols, évidemment, n’accorde plus aucune confiance aux raisonnements de la Métaphysique ; des opinions des philosophes païens ou musulmans, on ne saurait faire grand cas ; en une foule de circonstances, nous voyons ces philosophes hésiter, se contredire ou s’attacher à des propositions erronées ; les systèmes des métaphysiciens chrétiens, des Thomas d’Aquin ou des Henri de Gand sont construits à l’aide de raisons qui ont plus de probabilité que celles des philosophes ; ces raisons, cependant, ne sont aucunement des démonstrations convaincantes. Aux questions les plus essentielles de la Métaphysique, la foi seule fournit des réponses d’une certitude absolue.


  1. Jean de Bassols, loc. cit., fol. XLVII, col. d.