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BASSOLS SUIT PARFOIS DUNS SCOT

potentiel que présuppose la création ou bien encore la puissance objective n’est rien qui soit, d’une manière actuelle, hors de la pensée qui le conçoit (extra intrinsecum)… Celte puissance est purement logique (ista potentia est in logica) elle est la même chose que i absence de contradiction entre les termes. On dit qu’une chose est en puissance d’être créée lorsqu’il n’y a pas contradiction à ce qu’elle soit créée. Ainsi nous disons que l’homme est en puissance d’être créé et que l’homme est une créature possible parce que ces deux termes, homme et être créé n’ont, entre eux, aucune contradiction. Mais cette puissance ne pose absolument rien de réel (in re) pas plus que la puissance dont nous parlons lorsque nous disons que le néant est en puissance du néant, ou que la chimère peut être chimère ; la chimère, en effet, n’est pas contradictoire à elle-même en l’intelligence qui la conçoit…

» De ce que les créatures ont été possibles de toute éternité, il n’en résulte nullement qu’elles aient été de véritables êtres ; elles étaient bien plutôt des non-êtres… Avant que la créature ne soit créée, elle n’a pas plus d’être vrai, réel et en acte que n’en a la chimère. U est vrai, toutefois, qu’il n’y a pas, en elle, répugnance à posséder l’être ou à être produite, tandis que cela répugne aux fictions, aux choses impossibles, parce quelles impliquent contradiction ».

Or de l’existence en puissance subjective, telle qu’Avicenne et Al-Gazâli l’ont définie, et qui réside en un sujet doué d’existence actuelle, Jean de Bassols, d’accord avec Duns Scot et Auriol, et, aussi, avec le sens commun, ne reconnaît qu’une seule existence en puissance, la possibilité logique, résultat d’un jugement qui proclame l’absence de contradiction entre deux termes. Pour lui comme pour son maître, c’est à cela que se réduit la prétendue existence essentielle.

Bassols s’accorde également avec Duns Scot en ce qu’il écrit au sujet de cette question : Le Monde a-t-il pu être créé de toute éternité[1].

« À cette question, écrit notre auteur[2], on peut répondre de trois manières différentes ; l’une est celle des philosophes ; les deux autres appartiennent aux théologiens.

» La première réponse déclare que le Monde, en ses parties

1. Joannis de Babsolis Op. laad., Lib. I, Dist. 1, quæst. V ; fol. XV, col. d, à fol. XXI, col. b.

2. Jean db Bassols, loc. cit., fol.XV, col. a.

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