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BASSOLS REJETTE LA MATERIA PRIMO PRIMA

avec cette nature, elle s’adjoint à elle pour constituer l’espèce... Il y a, cependant, une certaine différence entre la différence spécifique et la différence individuelle... La différence spécifique contracte le genre parce qu’elle est une réalité plus parfaite, plus complète, plus noble que le genre 11e l’est par lui-même. Mais lorsque la différence individuelle vient contraindre la nature, ce n’est pas à titre de différence proprement formelle et plus noble, comme si elle était par elle-même quelque chose de plus noble que la nature ; elle intervient plutôt comme une différence matérielle. »

« Ces différences individuelles[1] sont des différences matérielles ou quasi-matérielles qui contractent la nature en individus. »

Touchant la pluralité des formes substantielles en l’être vivant et, particulièrement, en l’homme, Jean de Bassols tient exactement le même langage[2] qu’Antonio d’Andrès. Comme celui-ci, il enseigne[3] qu’il y a quelque actualité en la matière, qui aurait pu être créée dénuée de toute forme ; comme lui, il rejette[4] la distinction, établie par Henri de Gand et par Richard de Middleton, entre la matière et sa puissance.

S’il est une doctrine en laquelle Jean de Bassols ait fait complète abstraction des enseignements de son maître, c’est assurément celle qui examine s’il est une matière première commune à toutes les créatures ; délaissant entièrement ce qu’Avicébron et Duns Scot avaient dit de la matière universelle, notre auteur reprend des pensées presque rigoureusement péripatéticiennes.

Qu’il y ait une matière universelle commune à toutes les choses créées, c’est une proposition que Jean de Bassols présente[5] en l’entourant de tous les arguments par lesquels Gilles de Rome prétendait établir l’identité de la matière céleste et de la matière sublunaire. Il ne peut, avait dit Gilles de Rome, exister deux matières premières distinctes parce que, dans l’échelle de perfection des êtres, elles occuperaient le même degré, le dernier ; de même qu’il ne peut exister qu’un seul premier agent, acte pur, de même, il ne peut exister qu’une seule puissance pure ; pour

1. Joannis db 11A8S0U8 Op. laud.. Lib. II, Dist. III, quæst. II ; cd. cit., fol. XXXV, col. a,

2. Joannis de Bassolis Op. laud., Lib. II, Dist. XVII, quæst. I.

3. Joannis D8 Bassolis Op. laud., Lib. II, Dist. XII, quæst. I.

4. Joanmis de Bassûlis, loc. cil.t éd. cit., fol. LXV, coll. c et d, et fol. LXV, col. a.

5. Joannis de Bassolis Op. laud., Lib. Il, Dist. XIV, quæst. I, art. I ; éd. cit., t. II, fol. LXXXV1I, coll. b, c, d, et fol. LXXXVIU, col. a.

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