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JEAN DE BASSOLS REJETTE LE CONCEPTUALISME

mieux les caractères par lesquels elle diffère de la théorie de Scot.

Comme son maître, comme son condisciple Antonio d’Andrès. notre auteur soutient fermement[1] que le mot : « composé substantiel exprime une certaine entité réelle, positive, absolue qui surajoute quelque chose à la matière et à la forme ; en sorte que le composé, ce n’est pus simplement l’ensemble des parties, distinctes les unes des autres, mais réunies et prises eu semble ». Onze pages d’un texte gothique très condensé suffisent à peine à contenir la longue argumentation qui conclut en faveur de cette doctrine.

Il résulte de là qu’il ne suffira pas. pour individualiser une substance, que la forme spécifique et la matière spécifique aient été pourvues l’une et l’autre de l’individualité qui leur convient. « De même que la nature du composé[2] est une troisième nature, distincte de la matière et de la forme, comme je l’ai dit plus haut, de même je prétends que le composé à sa singularité propre et son principe d’individuation particulier… Les individuations de la matière et de la forme, ne suffisent donc pas à produire l’individuation du composé ; bien plus, elles n y fout rien, si ce n’est de servir d’individuations aux causes intrinsèques du composé. »

En tout individu, donc, Jean de Bassols distinguera six entités : La nature de la matière, la nature de la forme, la nature du composé, et les trois principes d’individuation qui leur correspondent. Il n’y a rien là qui ne s’accorde exactement avec l’enseignement du Docteur Subtil. Les divergences entre cet enseignement du maître et. celui du disciple vont se manifester lorsqu’il s’agira de préciser les relations entre l’essence spécifique et l’individuation.

En admettant que la nature spécifique est une entité qui a son unité réelle, encore que d’un ordre inférieur à f unité numérique, Jean de Bassols ne pense pas donner dans le réalisme : « Par là, écrit-il[3], on ne met pas l’universel dans les choses et hors de l’esversel en puissance que l’ou met dans les choses et hors de l’esprit. Bien que la nature ait l’unité dont nous venons de parler, elle n’est cependant pas universelle en acte ; elle l’est seulement en

1. .Ioannis de Bassoms On Inud,. Lib. II. Dist. XII, quwfit. H : éd. cil, , t-il, fol. LXVin, col. c. .

2. Joannis db Babsolib Op. laud., Lib. IL Dist. XII, quæst. IV ; éd, cil., t. II, foi. LXXXII1, col. c.

3. Joanms de Bassolis Op. laud., Lib. Il, Dist. XII, iiuæM. IV ; éd. cit.. t. II, fol. LXXX1, col. d.

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