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ANDRÈS REJETTE SCOT ET SUIT AVICÉBRON

tient habituellement,’l’ait parfois admise ; témoin ce passage[1] : « Je tiens qu’en tout être animé, il est nécessaire « l’admettre une certaine forme par laquelle le corps est corps, et qui est la forme du corps mixte, et de regarder cette forme comme distincte de celle par laquelle il est animé. En parlant de cette forme par laquelle il est corps, je n’entends pas parler de celle par laquelle il est un individu du genre corps ; car toute chose [corporelle,’par une forme propre et ultime, est un individu du genre corps (quia umun quodque per formant propriam et ultimam est individuum corporis quod est genus) je parle de la forme par laquelle il est corps en désignant par corps une partie de l’individu ; par cette forme, l’individu n’est pas immédiatement un individu du genre corps ni un individu de la substance ou de l’espèce ; il est seulement dans le genre corps par réduction. »

Il paraît difficile d’interpréter ce passage sans y reconnaître que le principe d’individuation y est appelé forme propre et ultime.

D’ailleurs que la relation entre l’essence spécifique et i’hœccéité soit assimilée à la relation entre là forme et la matière ou bien à la relation entre la matière et la forme, il semble bien que la nature spécifique et l’individualité soient, pour Antonio d’Andrès, tout autrement séparées que pour Duns Scot ; le maître y voyait simplement deux formalités que l’intelligence seule discerne ; le disciple paraît y voir deux choses réellement distinctes. Nous avons entendu Antonio d’Andrès déclarer que tout ce qui peut être compris directement en un genre est composé de matière et de forme ; il a, à ce sujet, des réflexions qui rappellent celles d’Avicébron ; il devrait, semble-t-il, pousser jusqu’aux dernières conséquences du système proposé par le célèbre rabbin ; cependant, il ne le fera pas sans hésitation. « De ce qui précède, dit-il[2], je conclus à titre de corollaire qu’en comprenant de cette façon le mot matière, tout ange et, aussi, tout corps céleste est composé de matière et de forme, car chacun d’eux est directement compris en un genre. Mais sont-ils composés d’une véritable matière qui soit une partie de composé, qui soit réellement distincte de la forme ? C’est une question que je regarde comme douteuse et que je laisse de côté ; peut-être en parlerai-je ailleurs. »

Aussi bien en ses Questions sur les Sentences qu’eu son traité Des

1. Antonii Andreæ De tribus principiis quæst. X (Pars II, quæst. IV) : Sed contra islam opînioneni ar&çuîtur multipliciter*

2. Antonii Andeœæ De tribusprincipiis Pars I, quæst. II : Sed contra istam cûnclusionem instatur.

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