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ANDRÈS RENIE SCOT

genre et la réalité doit se tire la différence spécifique, dont l’ensemble nous donne la réalité spécifique. »

Antonio d’Andrès s’écartait doue, au sujet du principe d’individuation, des indications très nettes de son maître ; il s’en écartait dans un sens tel que la distinction entre l’essence spécifique et le principe d’individuation, entre la quiddité et l’hœccéité fût exagérée. Mais il ne s’écartait pas moins des habitudes invétérées de la Scolastique ; il regardait, en effet, la différence spécifique comme jouant le rôle de matière par rapport au genre ; or s’il est une proposition qui fût courante dans les écoles, c’est assurément celle-ci, dont le système d’Avicébron n’était, pour ainsi dire, que le développement : La différence spécifique est au genre comme la forme est à la matière.

Or, cette théorie, à laquelle nous l’avons entendu contredire, Antonio d’Andrès l’admettait et la formulait en des termes qu’un disciple d’Avicébron n’eût guère désavoués.

« Toutes les choses naturelles, écrivait-il[1], qui, directement et par elles-mêmes, sont en un genre, sont ou bien composées véritablement de matière et de forme, ou bien d’un principe matériel et d’un principe formel.

» Cette proposition, je la démontre ainsi : Tout ce qui est susceptible de définition est vraiment composé d’un principe matériel et d’un principe formel… Et je le prouve. Aristote dit, en effet, au septième livre de la Métaphysique, qu’une définition est une longue raison (ra/to) qui a des parties, et de même que la définition entière correspond à la totalité du défini, de même les parties de la définition correspondent au parti du défini. Or les parties de la définition sont le genre et la différence ; le genre est quelque chose de matériel et la différence quelque chose de formel ; il eu sera donc de même du côté du défini…

» En outre, je raisonne ainsi : Il est impossible que des objets soient, à la fois, réellement différents et réellement conjoints par quelque chose qui, dans les deux cas, serait absolument le même ; or toutes les espèces qui sont comprises sous un même genre se comportent comme il vient d’être dit ; elles doivent donc différer par quelque chose et convenir entre elles par quelque autre chose ; ce par quoi elles conviennent ensemble est quelque chose qui leur est commun et qui est matériel, tandis que ce par quoi elles dilïèrent est quelque chose de formel. La majeure de ce

1. Antonu Andreæ [Je tribus ortncipiis, Pars I, quæst. If, quantum ad primutn est notandum…

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