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ANDRÈS REJETTE LE CONCEPTUALISME DE SCOT

tain question ordinaire. » Cette question ordinaire, c’était celle où le traité Des trois principes discute « Si la distinction formelle des parties organiques d’un ctre animé résulte de plusieurs formes substantielles spécifiquement et réellement distinctes » [1].

Assurément, notre auteur a composé ses Questions sur la Métaphysique longtemps après son traité ! >e tribus principiis.

Dans tous les écrits où s’affirme sa propre pensée, Antonio d’Andrès remplace le conceptualisme de. Scot par un réalisme qui, parfois, se déclare avec quelque précision. Ainsi, en commentant le Traité des six principes de Gilbert de la Porrée, il affirme[2] que l’universel, « celui qui est l’objet premier de l’intelligence, celui dont on dit que toute science considère les universaux, » est par nature, a natura ; cette affirmation, il la prouve ainsi : « Tout ce qui précède naturellement l’acte de la raison est un être réel ; mais l’universel, considéré en cette première manière, est de cette sorte ; donc etc. Démonstration de la mineure : L’objet précède naturellement l’acte de ta raison comme la cause précède l’effet ; mais l’universel, considéré en cette première manière, est l’objet de l’acte de l’intelligence, donc etc… Lorsque l’être singulier se trouve produit par nature, la nature, qui est l’universel, est produite en l’être singulier. »

Il est clair, par ce passage, que le docteur franciscain ne regarde pas l’universel, du moins en ce sens, comme une chose produite par notre raison et dénuée d’existence hors de notre esprit ; c’est un être réel, encore qu’il ne soit pas séparé des individus, qui préexiste à l’action de notre raison et qui est l’objet de cette action.

Cette doctrine se trouve formulée avec plus de détails en un passage du commentaire à la Métaphysique[3]. Antonio d’Andrès y montre par des exemples que la forme accidentelle, que la

1. Antonjub Andréas De tribus principiis ; secundum articulum principale : Déforma ; quarto » utrum formait* distinclio organicarum parlium aoimalis fit propter plures formas substanliales specifice ac realiter distînetas. Ed cit., second loi. après le fol. sign. f ijij, col. d, à fol. sigii. g üj> col a.

2. Scoti 5’u/jer Porphy. neenon Aristotelis predicamenla ac Peryarmenias. /lem super libros A’iencborum. Et Antonh Anrree super libro Seæ principiorum. /tem g ur si loues Joànnis Angelici (sic) super çueshones uniuersaies ciusdem Scoti. Colophon : Subtilissime question es Doctorîs subtilis Joannis Scoti super universalibus Porphyrij. ac super predicamentis et per biermenîjs « neenon et elenchis ArL una cum queslionibus clarissimi doc. Antonîj Aodree super sex princîpijs. Necnon cum expositionibus earundem queslionum doctoris subtilis super universalibus. editis ab eximiodoctore magistro Jeanne Anglico ordinis minoruin féliciter expliciunt. Impresse Venetiis per PhiHppum pinciurn Manluanvm, Anno Domini i5i2 die i Decembris. ÿuesfiones clarissimi doctoris Antonîj Andree super seæ prtncïpitsGjlberti Porretani, quæst. V, fol. 58 » coL a.

3. Antonh Andreæ super X// libros Metaphysicæ, Lib. Vil, quæst. XVI ; éd. cit, , foL 42 r « et vo.

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