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DUNS SCOT ET LE SCOTISME

secundum quos ipsa possit suscipere intensionem intrinsecam secundum magis et minus.

Ici, Jean le Chanoine est du même avis qu’Antonio d’Andrès ; aussi la plus grande partie de sa question n’est-elle qu’une longue copie, à peu près textuelle, du livre De tribus principiis. Entre les textes des deux auteurs, la ressemblance est aussi étroite, ou même plus étroite, qu’entre les passages précédemment cités. Si Jean le Chanoine s’écarte d’Antonio d’Andrès, ce n’est guère que pour insérer dans sou exposition quelque fragment emprunté à François de Mayronnes[1].

Il est maintenant bien clair que ce n’est pas Antonio d’Andrès qui a copié Jean le Chanoine ; s’il l’avait fait, pourquoi se fût-il précisément abstenu de reproduire les passages que Jean avait empruntés à François de Mayronnes ? Visiblement, c’est le Chanoine qui n’est, ici, qu’un simple compilateur.

Le traité De tribus principiis était, donc écrit avant les Questions sur la Physique de Jean le Chanoine, qui, nous l’avons vu, furent composées avant l’an 1342.

L’opuscule Sur les trois principes fut peut-être, d’ailleurs, une œuvre de jeunesse d’Antonio d’Andrès. Nous avons entendu cet auteur, dans son écrit sur la Métaphysique d’Aristote, se souvenir d’une des « questions ordinaires » que renfermait cet opuscule. Il en parlait comme d’une œuvre ancienne.

Dans ces mêmes Questions sur la Métaphysique d’Aristote, il avait déjà fait usage de cette formule pour désigner le De tribus principiis. Après avoir sommairement examiné la théorie de la pluralité des formes substantielles, il avait écrit[2] : « Cette question pourrait faire l’objet d’un long traité… Je me souviens, d’ailleurs, que j’en ai parlé d’une manière plus étendue dans une cer-

1. Par exemple, au ^uanta/nod arftc. de ia question de Jean le Chanoine, le passage (éd— cit., fol* 55, col* a) commençant par : Sed hic est una diffioultas, si isti gradus sint realiter distincti, et finissant par : Laide sciendum quod isti gradus habent in forma qaadruplïcem unïtatem, résume, avec conservation de certaines phrases, un passage de François de Mayronnes, commençant par : Quantum ad difficile, vîdendum est utrum isti gradus sint realiter distincti, et finissant par : Sed hic surit difftcul taies. prima est qualisest unitas istorum graduum in forma. (Francisci de Mayronis tnprrmun Sentent tarum scriptum confia las nominatum, dist, XX 111., quæst. I, quantum ad 3“ diff., éd. Veneliis, apud hæredes Octaviani Scoti. 1020 foL 72, col* d, et fol* y3, cul* a* La suite du passage de Jean le Chanoine, de : L/nde seiendum quod isti gradus habent informa quadruplicem unitalem, à : efusdem nalaræ, est un résumé presque textuel d’un passage de François de Mayronnes commençant par : Znteïligendum larnen quod isti gracias in forma habent quadruplicem anilalem, et finissant par : e/usdem rationis formais (Erancisci de Matronis, Op. laud.) quæst* cit., quantum ad 4™ difficile, in fîue ; éd. cit., fol. 74, coL a).

2. Antonii Andreæ saper daodecm » libros AMaphysicæt lib, VIII, quæst* XVIII ; éd. cit. fol. 43, coL d.

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