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DUNS SCOT ET LE SCOTISME

cette question, il écrit[1] ; « En faveur de cette trouve de nombreuses autorités aussi bien au sixième livre de la Physique qu’au septième. Je les omets pour cause de brièveté, car je me souviens que j’ai traité plus longuement de cette matière dans une certaine question ordinaire. » C’est à la question de son traité De tribus principiis qu’il fait ici allusion.

Or le titre que portait cette question est textuellement celui par lequel se formule une question de Jean le Chanoine sur la Physique d’Aristote ; Utrum productif» formæ substanlialis naturaliter générât te mensurelur aligna mensura divisibili[2].

Jean le Chanoine expose d’abord l’opinion au gré de laquelle une forme substantielle, n’admettant pas de degrés, ne se peut engendrer d’une manière successive. Puis il poursuit en ces termes[3] : « Bien que cette opinion soit fort commune et fort bonne, qu’elle semble conforme à l’intention du Philosophe, toutefois, afin que nous voyions les deux partis, et afin de soutenir successivement chacun d’eux, je dis à présent d’autre façon : Au sein d’une même espèce, la substance possède une latitude de degrés, en vertu desquels elle est susceptible de plus et de moins ».

À l’appui de cette thèse, notre auteur expose divers arguments ; le dernier de ces arguments est textuellement emprunté au traité De tribus principiis, comme le montre la comparaison suivante :


Antonio d’Andrès[4]

Caliditas intenditur et remit

titur ; ergo et ignis, et, per

conseq tiens, habes prop ositum.

Antecedens est evidens ad xrit-

sum. Prubalio consequeulür.

Causa naturali similiter se

habente, eu usât um est si mili¬

ter se habens. Sed calor in di¬

vers is individais non similiter

se habet ; palet quia anus est

intensior alio. Ergo nec ignis

Jean le Chanoine[5].

Calidum intenditur ei remit-

litiii ; ergo et ignis.

P rabat ur consequeulia.

Causa naturali similiter se

habente, causation est simili¬

ter se habens. Sed calor in

diversis individuis non simi¬

liter se habet ergo etc. ;patet

quia umts erit intensior alio.

1. Antonio d’Andhls, loc. cil. ; éd. cil,, fol. 5i, col- d.

2. Joannis Canon ici Ûg. laud., lib. V, quæst. II : éd. cil., fol. 5i, col. d. — Au Heu de : dùnstbîlî, le texte porte : indivisibilf, ce qui est un aon^seus.

3. Jean le Chanoine, loc. cii.t foL 5i, coL d et fol. 5a, coL a,

4. Anton iejs Andueas De tribus principiis, secundum artic. principale, quæst, II, quantum ad secundum ; éd, ci(M fol. «ign. f i, col. d, et foL sign> r ij, coL a.

5. Jean le Chanoine, loc. cit*

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