Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VI.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
391
DUNS SCOT ET LE SCOTISME

entre les opinions, fort différentes et, parfois, radicalement opposées, de ces deux maîtres ; on ne peut, pour étudier le scotisme, faire abstraction de l’influence qu’exerça Pierre Auriol.

Pierre Auriol[1] acté souvent confondu avec Pierre de Verberie ; ces deux personnages n’ont rien de commun.

Auriol est certainement originaire de l’Aquitaine ; mais la tradition qui le fait naître à Toulouse ne se justifie par aucun document.

« En 1304, Auriol se trouvait à Paris[2], peut-être comme étudiant en l’Université. C’est ce qu’il indique assez clairement lui-même dans son traité intitulé Repercussorium… Rien n’empêche, en ce cas, de supposer que Pierre Auriol connut et fréquenta, dans l’Université, le célèbre Jean Dans Scot, arrivé d’Angleterre, vers la fin de cette même année, pour conquérir le grade de bachelier en Théologie. Jean Scot y demeura, jusqu’en 1308 ; Pierre Auriol eut le temps d’y suivre ses leçons. »

En 1314, notre franciscain professait à Toulouse dans le couvent des Mineurs ; un sermon qu’il donna le 8 décembre, dans la maison des Dominicains, le mit aux prises avec un de ceux-ci au sujet de l’immaculée conception de la Sainte Vierge.

En 1316, le chapitre général de l’ordre franciscain, tenu à Naples, désigna, pour commenter à Paris le livre des Sentences, Pierre Auriol, professeur à Toulouse. « Le 14 juillet 1318[3], Jean XXII avait ordonné au chancelier de l’église de Paris de conférer à Pierre Auriol la licence en Théologie. « Il s’est livré jour et nuit, disait le pape, avec une telle ardeur à l’étude de la Théologie, il y a fait de tels progrès, par la continuité du travail et par l’exercice du professorat, qu’il est, croyons-nous, rendu digne d’enseigner en la Faculté de de Théologie. » Le pape fut obéi : Pierre Auriol, qui d’abord n’avait expliqué les Sentences que dans le couvent des frères Mineurs, fut admis à professer dans l’Université même ; et c’est en qualité de maître et de régent en la Faculté de Théologie de Paris qu’avec trois autres religieux, il

  1. Pour ta biographie de Pierre Auriol, voir :

    Noël Valois, Pierre Auriol, frère mineur (Histoire littéraire de la France, t. XXXIII, pp. 479-527 ; 1906).

    Voir aussi l’introduction de l’ouvrage suivant :

    Compendium sensus liberalis totius divinae Scripturae a cl. theologo Fr. Petro Aureoli Ord. Min., Archiepiscopo Aquensi, Universitatis parisiensis olim professore, Doctore facundo, novissime in lucem editum a Fr. Philiberto Seeboeck, eiusdem Ord. alumno, S. Theologiae lectora. Ad Claras Aquas (Quaracchi), 1896.

  2. Noël Valois, Op. laud., pp. 480-481.
  3. Noël Valois, Op. laud., pp. 485-486.