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PIERRE AURIOL

tiers les Thomistes à parti, elles citent une seule fois[1], croyons-nous, le nom de Thomas d’Aquin ; et, sans doute, il y a quelque ironie en ce passage[2] où une doctrine du Doclor communis esl ainsi désignée : « Une opinion d’un certain docteur, opinion que les Toulousains prennent pour article de foi. » Gilles de Rome, lui aussi, n’est cité qu’une seule fois[3]. Le nom d’un philosophe comme Henri de Gand ne se rencontre pas sous la plume de Jean le Chanoine. Ce n’est pas là, d’ailleurs, l’effet d’un ostracisme qui frapperait les philosophes étrangers à l’ordre de Saint François, auquel notre auteur semble n avoir pas appartenu[4]. Nous ne trouvons pas davantage, aux Quæstiones, les noms d’Alexandre de Aies, de Saint Bonaventure, de Roger Bacon, de Richard de Middleton et de Guillaume Varron. il semble vraiment que, pour Jean le Chanoine, la Philosophie ait été inaugurée par Scot, « le Docteur subtil[5] ».

De tous les philosophes que nomme Jean le Chanoine, celui qu’il cite le plus fréquemment, c’est assurément Pierre Auriol ; il est vrai qu’il le cite presque toujours pour le combattre. De Pierre Auriol, il a lu non seulement le commentaire aux Sentences, mais encore un certain traité De principes naturæ[6]. Ce traité n’an’a jamais été imprimé, mais on en connaît des exemplaires manuscrits[7]. Les Questions de Jean le Chanoine seront donc, pour nous, une source précieuse de renseignements ; maintes fois nous y puiserons la connaissance de doctrines émises par les maîtres qui sont venus aussitôt après Duns Scot et, en particulier, par Pierre Auriol.

III

Pierre Auriol

Le franciscain Pierre Auriol n’était, peut-être, que de quelques années plus jeune que Jean de Duns Scot ; la nombreuse pléiade de philosophes, frères mineurs pour la plupart, qui illustrèrent l’École de Paris au voisinage de l’an 1320, eut souvent à choisir

1. Joannis Canonici Op. laud., lib. I, quæst. III : éd. cit., fol. 7, col. d.

2. Joannis Canonici Op. laud., lib. I, quæst. IV ; éd. cit., fol. i3, col. b.

3. Joannis Canonici Op. laud., lib. IV, quæst. 11 ; éd. cit., fol. col. a.

4. Un franciscain ne pouvait être pourvu d’un canonicat.

5. Joannis Canonici Op. laud., lib. 1, quæst. I ; éd. cit., fol. 1, col. d.

6. Joannis Canonici Op. laud., lib, 1, quæst. IX ; éd. cit., fol. z3, col. d.

7. Noël Valois Op. laud., pp. 5o8-5og.

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