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L’ÉCOLE SCOTISTE SELON JEAN LE CHANOINE

péripatéticiens et néo-platoniciens, opposé cette proposition : La soi-disant existence en puissance est un simple jugement de noncontradiction. logique. Jean de Duns Scot reprend à son compte cette proposition et en fait un des axiomes fondamentaux de sa doctrine.

II

L’École Scotiste, d’après les Questions sur la Physique de Jean le Chanoine

L’enseignement de Jean de Duns Scot parait avoir provoqué chez les Franciscains un véritable bouillonnement intellectuel. Une multitude de Mineurs se mirent à philosopher qui, presque tous, se réclamaient de l’autorité du Docteur Subtil, mais qui sollicitaient sa pensée les uns dans un sens et. les autres dans une autre direction. Pour nous renseigner sur cette activité de l’École Scotiste et sur les maîtres qu’on y écoutait le plus volontiers, nous consulterons souvent un document précieux dont il nous faut, ici, dire quelques mots ; nous voulons parler (les Questions sur la Physique d’Aristote composées par Jean le Chanoine[1].

Jean, surnommé le Chanoine[2], n’était pas Anglais comme on l’a souvent écrit, mais catalan ; « selon la diversité des climats, dit-il[3], nous voyons que des animaux divers sont engendrés ; en

1. Joannis Canonici questiones super VIII lib. phy. Aristo. perutiles : nuperrime correcte et emendate : addilis lejctibus Commeniorurn in margine : una cum utili Répertoria cunctorum aucloris notabitium indice. Colophon : Questîonibus subi H issi mis clarissimi doctorifi Joannis canonici ex ordine miuorum : nuper per philosophie lectorem sancti Nicolai de Venetijs fralrem Franciscain montis ferelri summa cum cura castigatis cum texlu iu principio Sue&tiûnum imerposito. finis impoaitns est* Venetijs mandato heredum quon* ani domini Octavianî Scoti civis ac palricij Modoetiensis ; et sociorum, Anno a dominiez incarnatioae. 1620* die* 8. Maij, — Dès avant Lan i5oot cet ouvrage avait eu de très nombreuses éditions. Le Repertorium bibliographicum de Hain énumère les suivantes : Padoue, sans nom d’éditeur, 1475 ; Venise, Octavianus Scotus, ; Vicence, Henricus Librarius, 1^85 {avec Joansïs (1ANDU.E Commenta in libres Phgsicornm) ; Venise, Bonetus Locale 11 ns et OctaviamiB Scotus, 1487. Il faut y joindre une édition donnée en à Venise, par les mêmes éditeurs.

2. Du Boula y le nomme Jean le Chanoine ou Jean Canon (Bulæi Histûria Unioersilatis Parisiensis^ L IV, p. 180 et Index rerum). Que l’épithète Canenicus signifie un attribut et non pas un nom de famille, cela semble résulter de cet exemple cité par l’auteur : Joan/ies es/ a/éas et est eanonicus ; ergo est tilbiLS canonicus (Joannis Canoxici O/ ? * laud.^ lib. Ils quæfit. ÏV ; éd. cit+, fol. 33, col. c).

3. Joannis Canonici Op. laud., lib. IV, quæst. I ; éd, cit.t foL 4o, col* a. — Cf » L’École Franciscaine, XB année, no g, a5 mai 1912 ; p— ioaf col b.

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