« En général, la puissance objective et la puissance subjective interviennent l’une et l’autre dans les générations et dans les corruptions.
» De la puissance objective, l’agent extrait pour le mettre en acte ce qui existait en une telle puissance, c’est-à-dire le terme complet de la génération ; tandis que ce terme de la génération était en puissance objective, il comprenait la matière et la forme, tout comme il possède l’une et l’autre lorsqu’il est en acte ; en ce cas, l’agent donne la perfection, mais il ne produit pas de multiplicité ; de même que le feu tout entier est maintenant en acte, de même le feu tout entier était alors en puissance ; c’est là la première manière de mettre une chose en acte, celle qui convient à ce qui était en puissance objective. »
Bien que Scot ne le dise point, il est clair par tout ce qui précède que ce premier mode de génération, où la matière et la forme passent simultanément de la puissance objective à l’acte, constitue la création.
Scot poursuit ainsi :
» Le second mode d’extraction [de la puissance à l’acte] est le suivant : De la puissance d’une matière préexistante et qui, à la fin de la génération, est une partie du composé, l’agent fait sortir la forme qui, avant Ja génération, n’était pas en acte ni en réalité en la matière, et qui, après, constitue l’autre partie du composé ; si l’on entend parler du nombre des choses en acte, on peut dire que l’agent ou l’être qui engendre a produit une multiplicité », puisqu’une seule chose, la matière, était en acte avant l’opération génératrice et qu’après cette opération, deux choses, la matière et la forme, possèdent l’existence actuelle.
« Si donc on considère le terme tout entier d’une génération qui était, [avant l’opération génératrice, ] en puissance objective, l’agent donne seulement la perfection. De l’autre manière, au contraire, où l’on considère l’agent comme extrayant la forme de la puissance subjective, cet agent produit, à la fois, perfection et multiplicité. »
De tout ce qui vient d’être exposé, il résulte évidemment que, pour le Docteur Subtil, « la connexion de la matière et de la forme n’est pas une nécessité absolue[1] ». « Il n’y a donc aucune contradiction qui s’oppose à ce que la matière existe sans aucune forme substantielle ni accidentelle. » Dieu peut créer une matière iuforme : « Toute chose absolue, [c’est-à-dire capable d’exister
1. Joannis Duns Scoti Scriptum Oxoniense, Lib. II, Dist. XII, quæst. II.
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