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D’HENRI DE GAND À DUNS SCOT

sur les Sentences composé par « frater Vuillelmus de Varra », En effet, au dire de Barthélemi de Pise[1], le franciscain anglais Guillaume, né à Warre, près de Londres, et généralement appelé Guillaume Varron, aurait été, à Oxford, le maitre de Scot. C’est là tout ce que l’on sait de l’auteur des Questions sur les quatre livres des Sentences que nous allons parcourir Guillaume Varron n’est pas un esprit de même trempe qu’Henri de Gand ; il n’est pas homme à concevoir un système philosophique dont toutes les parties soient solidement liées entre elles et harmonieusement coordonnées ; il est plutôt de ces intelligences éclectiques qui n’ont point conçu de doctrine originale mais qui, ici, adoptent la thèse d’un maitre et là, la thèse de son adversaire ; encore, en cette manière de philosopher, montre-t-il moins de puissance qu’un Richard de Middletou, moins de puissance, surtout, qu’un Gilles de Rome. Il ne paraît pas qu’il soit jamais venu à Paris ; la lecture de son écrit pourrait nous porter à croire que l’enseignement d’Oxford était alors moins solide cl moins brillant que l’enseignement parisien.

Examinons brièvement la position que Guillaume a prise en quelques-unes des questions dont, alors, on disputait ardemment.


A. L’éternité du monde.


En une première question[2], Guillaume Varron énumère les diverses théories philosophiques qui ont admis l’éternité du Monde et les arguments qui ont été opposés à ces théories.

Parmi ccs théories, il en cite une[3] « selon laquelle le Monde est, à plusieurs reprises, engendré, puis détruit, mais demeure cependant éternel ; en effet, grâce aux dispositions diverses des corps célestes, les choses qui avaient vieilli et avaient cessé d’exister peuvent revenir de nouveau à plusieurs reprises.

» C’est là ce que Platon veut dire… lorsqu’il enseigne qu’au bout d’une grande année, toutes les choses qui existent mainte-


1. Sbahaleæ Supplément um et casügaho ad seriptores Zrtujn ordinumS. Francisci, Ed. nova, homæ, MCMVII ; Pars I, p, 350.

2. Nous avons étudié ces Questions dans le ms, o* 163 de la Bibliothèque municipale de Bordeaux. Ce manuscrit ne porte pas de litre ; il se termine par ces mots : £jpp/icit r/uarZas ItÔer Farowis, suivis de deux tables.

3. Gulielmi Vahonis /a /tôros 5en^enü’arum, Lib. llt Dist. I, quæst. VII : Utrum mundus realiter fueril æternus,

4. Guillaume Varron, loc. cit. ; ms. cîL, foL g5, coL c.

    primo principio eitisdem : Impressa Uenetiis commissions et expensis reuerendi viri Domini Andrée de Asula : Per magistrum Joanncm Hertzoç de Landauu Alemanum. 1499. Tertio decimo Kalendas Septembris. Fol. 61, coll. a et c).

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