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GUILLAUME VARRON

La méthode nominaliste qu’il suit lui permet de résoudre les difficultés qu’on lui voudrait objecter et, particulièrement, celle-ci[1] : « Si l’essence et l’existence sont une même chose, la création se peut-elle cependant sauver ? Je réponds quelle le peut lorsqu’on admet I identité de 1’essence et de 1’existence de la façon qui a été exposée ci-dessus. C’est vrai parce que la création ne requiert pas un sujet sur lequel s’exercerait l’action du Créateur. C’est également vrai parce que ce qui est créé n’a pas besoin d’être composé de plusieurs choses dont une serait formellement acte, tandis que l’autre serait puissance ; il est seulement requis que la chose créée soit au pouvoir actif de l’agent. C’est enfin vrai parce que si la chose créée requérait, d’une part, une puissance et, d’autre part, un acte qui différât réellement de cotte puissance et qui l’inforniAt, on ne saurait expliquer pourquoi cette puissance et cet acte ne seraient pas deux essences, semblables à la matière et à la forme ; être, ce serait alors posséder ces deux essences, car être, nous l’avons dit, c’est posséder l’essence. »

Saint Thomas avait sans cesse comparé la composition d’essence et d’existence à la composition de matière et de forme, mais, tout en les comparant, il avait mis tous ses soins à ne les pas confondre. Hervé déclare avec insistance que les soins du Doctor communis ont été vains, qu admettre une distinction réelle entre l’essence et l’existence, c’est réduire celles-ci à la matière et à la forme. S’il se montre thomiste dans la plupart des cas, il rejette tout de la doctrine que Thomas d’Aquin avait adoptée touchant l’essence et F existence.

VI

GUILLAUME VARRON

À deux reprises, en une de scs questions sur la Métaphysique d’Aristote[2], Jean de Duns Scot cite la seconde partie de F « écrit » 1 2

1. Hervæds contra Henricum de esse et essentia, ch. VI de la réponse. Ms, Cit., fol. 22Î, coi. c.

2. Joannis Duns Scon Ordinis Afinorum Quæstiones subtilissurue super hbrqs Metaphysicæ Aristotelis., lib. V, quæst. X {Quesliones subltlisstme Scoti m metaphysicam Aristotelis. Eiusdem de primo rerum principio tractatus A (que theoremata. Colophon : Expliciunt epithomala seu castiçationes preclarissinii Doctoris Magistri Maurilij Hibernici Ordinis Mïnorum in theoremata doctoris subtilissinii Joannis Duns Scoti eiusdem ordinis. Ac eliam in tractatuni de

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