qui sont dans le monde, des êtres incorporels qui, en leur nature et essence, sont dépourvus de tout ee qui constitue la grandeur, de tout ce qui constitue lu situation ou position dans l’espace. Tout ce que ces gens-là conçoivent est grandeur ou, à la manière du point, a une situation en une grandeur. Les personnes de tempérament mélancoliques sont ainsi faites. Elles deviennent d’excellents mathématiciens, mais de très mauvais métaphysiciens : leur intelligence, en effet, ne peut dépasser les notions de grandeur et de situation, qui sont les fondements des mathématiques ; or l’abstraction métaphysique excède l’abstraction mathématique. Ces mêmes personnes font des physiciens ineptes (naturales inenti) ».
Prudemment, il conclut[1] : « Un ange peut-il, en l’absence de toute opération, se trouver en un lieu ? La raison d’être de cette localisation est-elle en la limitation même de la nature de cet ange ou en quelque autre propriété de cetlc nature ? Je ne l’enseigne, ne le défends ni ne le soutiens d’aucune manière ; et, qui plus est, je n’entends, par ce que j’ai exposé en ce qui précède, ni nie persuader à moi-meme ni persuadera quelque autre personne que ce soit de soutenir le contraire ; j’ai voulu seulement insinuer quelle était la difficulté de la question et provoquer autrui à l’éclaircir. »
Deux ans plus tard, c’est-à-dire en 1279, Henri tient sa quatrième dispute quodlibétiqiic. Nous l’y voyons exprimer les mêmes réserves au sujet de la condamnation qui a frappé le premier des trois articles précédemment cités. ,
« Je ne contredis pas à cette sentence, dit-il * ; je ne nie point non plus qu’un ange puisse, par son opération, être en un lieu et se mouvoir de mouvement local. Mais s’il m’est facile de croire qu’un ange puisse être localisé de la sorte, il m’est difficile de le comprendre… De même, il m’est plus facile de croire qu’un ange, indépendamment de toute opération, se trouve substantiellement en un lieu que de le pouvoir comprendre… Je ne vois pas la solution de l’objection [que je viens d’exposer : néanmoins elle ne me contraindra jamais à enseigner, soutenir ou défendre ce qu’une interdiction pontificale défend d’enseigner, soutenir et défendre. »
C’est là soumission au décret d’Etienne Tempier ; mais ce n’est point soumission d’un homme qui l’approuve sans restriction.
Cet exemple particulier suffît à démontrer que le décret rendu
1. Hbhiu me Gand, loc. ait., éd, cil., fol. XXXVII, recto.
2. Henrici a Gandewo Qaodlibeta ; quodlib. IV, quæst. XVII : Utnim angelus moveatur de loco ad lociim. Ed. cil., foL CXXXIï, verso.
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