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HERVÉ NÉDÉLEC

tio limata, polita et tersa l’ouvrage qu’il offre à Robert d’Anjou, roi de Sicile.

L’Opus super secundo libro Sententiarum et l’Opus hexaemeron doivent donc être considérés comme l’expression de doctrines antérieures, d’un assez grand nombre d’années, au temps où ils furent publiés. On comprend ainsi qu’ils ne contiennent aucune allusion à des thèses déjà divulguées à ce moment, par exemple aux thèses de Guillaume Varron.


V

Hervé Nédélec

Au quinzième siècle, et plus tard encore, Saint Thomas d’Aquin devait rencontrer des disciples aveuglément fidèles, pour qui la moindre thèse du maître serait proposition essentielle du dogme catholique, qui regarderaient comme hérésie la plus faible modification apportée à la doctrine thomiste. Le Moyen Âge ne parait pas avoir connu ces intelligences serviles. Le Doclor commuais y a compté des admirateurs dont l’enseignement suivait volontiers les leçons de leur saint devancier ; mais les plus fervents d’entre eux n’hésitaient pas à s’écarter de leur modèle lorsqu ils pensaient ainsi se mieux saisir de la vérité. Gilles de Rome, par exemple, n’a pas craint de soutenir, à l’encontre du grand Dominicain, l’identité de la matière des cieux avec la matière première des éléments. Hervé Nédélec, à son tour, après avoir fermement soutenu nombre d’opinions de son frère en Saint Dominique, le combattra sans défaillance au sujet de la distinction entre l’essence et l’existence.

Hervé Nédélec a beaucoup écrit[1] et nombre de ses ouvrages ont été imprimés. On a de lui des Questions sur les quatre livres des Sentences, onze Quolibets, de nombreux Opuscules. La plupart de ces ouvrages soutiennent des thèses thomistes. L’opuscule De materia cæli, par exemple, soutient, avec le Doclor commuais, que les corps célestes ont une matière, niais qu’entre cette matière et celle des corps sublunaires, il nv a pas communauté de nature. L’opuscule De unitate formarum, qui prend fin sur un pieux hommage à Thomas d’Aquin, argumente vivement contre les

1. Voir, à ce sujet : Bahthélemy Hauhéau, Hervé Nédélec, général des Frères Prêcheurs {Histoire littéraire de la France, t. XXXIV, igij, pp. 314-351).

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