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GILLES DE ROME

tirées des choses créées, preuves tirées du mouvement, preuves tirées du temps, preuves tirées des causes agissantes en général, preuves tirées des agents volontaires en particulier.

Nous n’examinerons pas plus longuement cette minutieuse discussion ; nous nous contenterons d’une remarque :

En ses écrits sur le De generatione, Gilles avait vivement reproché au Philosophe d’avoir affirmé que le inonde était forcément éternel ; il avait montré que les raisonnements d’Aristote ne suffisaient pas à prouver l’exactitude d’une telle proposition. Mais il reconnaissait, d’autre part, que le Slagirite n’eût pu, sans faire appel à des principes que la Physique ne lui fournissait pas, démontrer la possibilité même de la création du monde ; cette création, il eut dû s’abstenir entièrement de la déclarer soit possible, soit impossible ; une logique très exacte lui eût commandé de demeurer, à cet égard, en une complète hésitation.

Au commentaire de la Physique, Gilles a passé presque entièrement sous silence les excuses qu’en son précédent ouvrage, il avait invoquées en faveur d’Aristote, lout ce qu’il avait écrit au De generatione pour énerver la valeur probante des arguments péripatéticiens, il le reprend avec soin ; mais il s’abstient de signaler 1 impossibilité où se trouvait Aristote de construire des raisonnements convaincants en sens contraire. Les mêmes considérations se trouvent ainsi prendre une allure nouvelle et plus hostile au Péripatétisme.

Les discussions sur l’éternité du monde, auxquelles Gilles avait déjà consacré une large place en ses écrits sur le De generatione et la Physique, se déroulent avec toute leur ampleur au cours des questions qu’examine l’archevêque de Bourges touchant le second livre des Sentences[1].

La première des questions consacrées à ce sujet expose les diverses raisons par lesquelles les philosophes ont pensé démontrer l’éternité du monde et prouve que ces raisons n’ont point de valeur démonstrative. Elle énumère avec beaucoup d’ordre et d’une manière très complète d’abord les raisonnements d’Aristote

1. Excellent iss tmi sacre théologie docloris domini Egu>ii Romani ahchipkesuus Bituricensis : ordinis fratrum heremitaram divi Aiignslini : Super secundo. libro Sentenliarum : opus preelarissimum inçipit. Colophou : Egidii Romani Bituricensis ecclesie archipresulis super secundo Sentenliarum opus dignissimum Lucas Vendus Dominici. F. librarie arlis peritissimus : summa cura et diligentia Venetiis impressuin. Anno salutis Mcccclxxxij. iiij. Nonas Maij : Joanue Moceniceno inclyto Venetiaruin principe ducante. Dist. I, Pars I, Quæst. XIII : Ulrum mundus de necessitate fuerit ælernus — Quæst. XIV : Utrum possit demonstrari mundum incepisse. — Quæst. XV : Quomodo sit inteliigendum quod in principio Deus creavit cælum d terrain.

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