conséquences malsonnantes que Ton reprochait à la théorie de Saint Thomas d’Aquin, elle n’évite pas les corollaires qui semblaient jeter le discrédit sur le culte des reliques. Or les partisans de la pluralité des formes entendent rejeter ces corollaires-ci aussi bien que ces conséquences-là. « On le voit bien 1 par cet article qui, en Angleterre, a été jugé hérétique ; cet article disait : Le corps d’un saint ou de quelque homme que ce soit, avant même que la putréfaction Fait transformé en gaz ou en corps élémentaires, n’est plus numériquement le même que le corps vivant ou, du moins, il ne l’est plus que sous un certain rapport, en raison de la communauté de matière. »
Si donc Henri s’est montré inconséquent à l’égard des principes philosophiques qu’il avait formulés et qui établissaient, en tout composé, l’unité de la forme substantielle, cette faute de logique lui demeure inutile ; elle ne le met pas à couvert des condamnations portées par Robert Kilwardby et par Jean Peckham. Ces condamnations, heureusement, étaient, à Paris, tenues pour lettre morte.
III
Le Compendium studii Théologies de Roger Bacon
Au temps qui s’écoula entre les années 1285 et 1290, l’Univcrsité de Paris fut le théâtre de discussions philosophiques d’une extrême importance. En ces combats, les deux chefs les plus en vue et les plus fermement opposés l’un à l autre paraissent avoir été Henri de Gand et Godefroid de Fontaines. Celui-ci soutenait les thèses d Aristote avec plus de fidélité que Siger de Brabant, avec une exactitude qui rappelait celle d’Averroès. Celui-là, tout en gardant plus d’une doctrine introduite ou admise par Thomas d’Aquin, s’écartait de ce dernier pour battre en brèche les fondements mômes du Péripatétisme hellénique et du Néoplatonisme arabe.
De ces disputes, Roger Bacon a pu être le témoin, car en 1292, il vivait encore à Paris ; il y rédigeait son dernier ouvrage, le Compendium studii Theologiæ *.
En ces tournois métaphysiques et théologiques, quel était le 1 2
1. Godefroid de Fontaines, loc. cit., p. ao5-
2. E. Charles. Roger Bacon ; sa vie, ses ouvrages, ses doctrines d après des textes inédits. Thèse Paris, 1861, p— 92*96 et chap. VI, p. 410_41
