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LA DOCTRINE DE PROCLUS ET LES DOMINICAINS ALLEMANDS

pétuelles et virtuellement éternelles ; en chacune d’elles, donc, l’unité ne peut pas être accidentelle ; elle ne peut pas advenir par accident ; il faut qu’elle résulte de la nature, de l’existence par soi, de l’existence essentielle ; partant, il est nécessaire qu’elle ait pour racine un certain principe formel et essentiel que nous nommons l’Âme du ciel et qui est le moteur immédiat de ce ciel…

» C’est donc d’une telle substance, que uous nommons maintenant Ame d’une sphère, qu’une vertu ou disposition s’écoule en chacune des parties de cette sphère ; cette vertu ou disposition est donnée à chacune de ces parties en vue du mouvement qui lui est propre ; niais le principe formel qui est commun à la substance totale il une telle sphère. »

« Ce principe formel[1] diffuse, en premier lien et principalement, sa propre substance au sein de la substance de l’étoile qui est mue par cette sphère, par exemple au sein de la substance du Soleil ou de la substance de la Lune, etc. Puis, à partir de la substance de l’astre, ce même principe formel que j’appelle Âme du ciel se répand au travers du reste de la sphère jusqu’à ce qu’il en pénètre toutes les parties ; ces parties, il a avec elles des rapports divers et les meut de mouvements propres ; il meut l’orbe concentrique comme ceci, le déférent excentrique comme cela, l’épicycle de telle autre façon. L’astre qui est mû en sa sphère joue, à l’égard de cette sphère, le rôle de cœur. Chose admirable ! Cet astre semble mouvoir sa sphère plutôt qu’être mû par cette sphère ; ainsi en est-il du cœur d’un animal. »

Cette théorie qui loge en l’astre même la source de la vertu motrice des divers orbes est, au gré de Thierry, rendue probable par la concordance qu’elle présente avec la manière d’agir des astrologues ; ceux-ci, en effet, pour établir leurs jugements, ne se soucient que de la marche de l’astre, sans prêter aucune attention à l’allure des divers orbes ; ils paraissent donc avoir reconnu que c’est du corps même de l’étoile qu’émane toute influence.

« Si[2], comme nous venons de le voir, la vertu du moteur se diffuse, en premier lieu et principalement, au sein de la substance de l’étoile et de la planète, elle doit, ensuite et en second lieu,

1. TitEODontci de Friburgo Op. laud., Cap. VI : Quod dictum formale principium quod animam cæli dicimus per prius essentialiter difiuudit se in substantif slellæ quæ movetur in quocunque orbe cælesti et consequenter dülunditur per loi uni talent orbern per omnes suas parles, et uude habetur hoc. Ms. cil., fol. 5y. coll. c et d.

2. ruEODORicr de Fuibubgo Op. /and., Cap. II. Quomodo sibî invicem ordinentur, et submioistrentur motores et motus cæli, et de numéro eorutu in speciali. Ms. cit., fol. d. 57, 00 !. d.

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