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LA DOCTRINE DE PROCLUS ET LES DOMINICAINS ALLEMANDS

tant, mais qui, cependant, requiert l’assistance d’un agent précédent.

« Informer une certaine substance d’une manière essentielle, en être la forme et l’accident essentiel, et cela, dans la subordination d’un certain Principe efficient supérieur, qui a produit cette même substance destinée à cette information essentielle ; par l’intermédiaire de cette substance, qui est un ciel, produire les êtres inférieurs par génération, à partir d’un sujet préexistant ; voilà l’opération informatrice qui est propre à toute Aine céleste.

» Voici donc la raison de la différence dont nous avons parlé ; voici pourquoi ces causes essentielles ne coïncident pas entre elles en produisant le même effet dans la même substance : autre est la manière d’agir d’une substance qui est cause essentielle à l’égard de ce qu’on nomme le non-être, alors qu elle en tire un être ; autre est la manière d’agir d’une cause essentielle à l’égard d’un certain être, alors qu’à partir de celui-ci elle produit et constitue un autre être ; c’est là la manière d’agir qui est propre à la cause qui engendre et informe. Si l’on considère et examine avec attention les choses qui viennent d’être dites, on reconnaîtra qu’elles sont, pour ainsi dire, évidentes d’elles-mêmes. Il est donc manifeste que les Ames des cicux doivent être rangées sous un autre genre que les Intelligences. »

Déjà, dans ce que nous venons de lire, l’Âme de chaque ciel est désignée comme un principe qui informe le corps du même ciel, ainsi que l’âme de quelque être vivant à la surface de la terre informe le corps de cet être ; nous allons entendre affirmer cette analogie avec une entière netteté.

C’est au sujet du nombre des Âmes célestes que cette affirmation se va produire[1].

Une première théorie consiste à mettre dans les cicux autant de moteurs distincts qu’il y a de mouvements de rotations imaginés par les astronomes. Dans la sphère d’une planète, il y aurait ainsi autant d’âmes que la construction donnée par les Hypothèses des planètes y place d’orbes solides distincts et contigus entre eux. Une telle théorie s’autoriserait de l’exemple donné par Aristote en sa Métaphysique.

Une autre théorie consiste à attribuer une Ame unique à tout le ciel d’un astre errant, de la Lune, par exemple : « D’une autre

1. Theodorici de Friburgo Op. lauti., Cap. V : De numéro immediatorum motorum quos animas cæioruni vocant, et de dupiieî posîtione circa hoc et probabilitate a I ter i us earuni coin suis rationibus probabilitatis, Ms. cit., fol. 07, colt, b et c.

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