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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

De decem dubitationibus circa Providentiam.

De Providential et fato et eo quod in nobis.

De malorum subsistentia.

Ce fut de sa part, une heureuse inspiration, car les originaux grecs de ces ouvrages sont, aujourd’hui, perdus et les versions qu’il en a données nous les conservent seules[1].

Les trois opuscules dont nous venons de parler ne furent pas entièrement oubliés au Moyen Âge ; nous verrons que Jean Tauler avait tout au moins lu l’un d’entre eux ; cependant, il furent assurément peu fréquentés. Il n’en fut pas de même de l’Elementatio theologica. À peine cette traduction était-elle achevée, que saint Thomas d’Aquin la mit grandement à profit pour composer ses Leçons sur le Livre des Causes. Les nombreuses citations du Doctor Communîs suffisaient pour attirer sur cette œuvre l’attention des Maîtres de la Scolastique ; toujours en éveil, en effet, la curiosité de ces Maîtres recherchait avec un avide empressement toute traduction nouvelle qui leur put révéler un peu plus complètement la Sagesse des Anciens. Aussi put-on bientôt rencontrer le nom de Proclus dans les écrits de Gilles de Lessines et de Gilles de Rome, Mais s’il est des philosophes qui durent accueillir l’Elementatio theologica avec une particulière faveur, ce furent assurément les Dominicains de la Province d’Allemagne auprès desquels le Liber de Causis jouissait déjà d’une si grande autorité. Quand le Saxon Thierry connut le traité de Proclus, il ne cessa plus d’en nourrir sa pensée et d’y recourir dans ses nombreux ouvrages ; l’enthousiasme pour la Στοιχείωσις θεολογική, exaltant l’admiration qu’il professait déjà pour le Liber de Causis, fit vraiment de lui un adepte attardé de l’École d’Alexandrie ; et l’on a peine à comprendre comment sa foi de religieux catholique se pouvait accommoder des dogmes néo-platoniciens que professait sa raison.


C. Les intelligences qui meuvent les cieux.


Cette question s’impose tout particulièrement à celui qui étudie l’opuscule de Thierry Sur les Intelligences et les mouvements des cieux.

Thierry admet d’emblée, suivant l’enseignement des Néo-plato-

  1. Procli Philosophi platonici Opera inedita, Quæ primus olim e Codd, mss. Parisinis Itaticisque vulgaverat, nunc secundis curis emendavit et auxit Victor Cousin. Parisiis, apud Aug. Durand, MDCCCLXIV Pars prima continens Procli tria opuscula De Providentia, Libertate et Malo, interprete Guillermo de morreka, Archiepiscopo Corinthi. P. 67, col. 267.