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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

en son premier quodlibet, à sauvegarder suffisamment cette identité du corps vivant et du cadavre de Jésus-Christ. Il faut que cette identité soit maintenue non seulement selon la matière, mais encore selon la forme.

Par tout ce qui précède, donc, « on voit clairement[1] que la thèse de ceux qui mettent, en tous les êtres de la nature une pluralité et une gradation de formes est une thèse impossible à soutenir, et qu’il en est de même de ceux qui, en l’homme, nient la gradation des formes. Nous donc, nous nierons la pluralité de formes réellement et naturellement différentes, produites par un seul et même agent naturel, en toutes les choses de la nature ; mais nous affirmerons qu’en l’homme, il est nécessaire d’admettre une pluralité et une gradation de formes, parce que, grâce à l’excellence de la nature de l’homme, deux agents sont requis pour l’engendrer, un agent naturel et un agent surnaturel… Nous mettrons donc en l’homme deux formes coordonnées et hiérarchisées, et deux formes seulement, une forme naturelle et une forme surnaturelle. »

La forme surnaturelle, c’est l’âme raisonnable, par laquelle l’ètre humain acquiert sa perfection spécifique ; celle-là, un agent surnaturel, qui est Dieu, la crée de rien. D’autre part, l’agent naturel delà génération humaine prépare la matière à recevoir cette forme surnaturelle ; il détruit, en cette matière, toutes les formes qui la rendraient impropre à servir de support à l’âme raisonnable ; et alors, par un changement unique, l’agent naturel tire des puissances de la matière une forme substantielle particulière qui en fait le sujet de l’âme raisonnable et, en ce sujet ainsi adapté, Dieu infuse l’âme. En l’homme subsistent ainsi simultanément une forme substantielle extraite par un agent naturel des puissances de la matière et qui est une disposition à recevoir l’âme, et l’âme, forme surnaturelle qui n’est pas tirée des puissances de la matière, mais qui est immédiatement créée par Dieu.

L’infusion de l’âme au sein du sujet prépare à la recevoir ne détruit pas la forme naturelle, la forme de mixtion et de composition, à laquelle est due cette préparation. Les deux formes subsistent l’une à côté de l’autre. C’est cc qu’Henri affirmait déjà en 1277.

« L’âme ne passe pas du non-être à l’être, écrivait-il dès alors[2],

1. Henri de Gand, loc. cit. ; éd. cil., fol. CXII, verso.

2. Henrici a Gandavo Quotlibeta ; quodlib. II, quæst. II ; éd. cit., fol. XXX, recto.

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