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LA RÉACTION DE LA SCOLASTIQUE LATINE

à Montpellier, à Gênes et à Paris. En 1305, c’est vers le Maroc, puis vers Bougie qu’il dirige ses pas. En mai 1312, il esta Montpellier, en juillet à Majorque, puis à Messine. Bien qu’âgé de quatre-vingts ans, il se prépare à une nouvelle mission ; le 26 avril 1313, il signe, à Majorque, son testament, puis s’embarque pour Tunis ; là il fut lapidé par les habitants ; recueilli, expirant. par un vaisseau génois, il fut ramené mort ou mourant à Majorque. La tradition la plus répandue date sa mort du 29 juin 1315. Cette date, et le martyre même de Lull ont, d’ailleurs, été contestés.

Il semble que cette vie de perpétuels voyages dût laisser peu de place aux travaux de l’esprit ; or rien n’a égalé l’activité voyageuse de Lull, si ce n’est son activité littéraire ; ses écrits, dont un grand nombre sont inédits, ne se comptent pas.

Parmi ces ouvrages, il en est plusieurs que l’ardent Franciscain a composés pour lutter contre les doctrines averroïstes[1] ; la plupart d’entre eux furent écrits à Paris, de 1309 à 1311 ; nous y trouvons une Reprobatio aliquorum errorum Averrois, des Sermones contra errores Aoerrois’, une Dispulalio Raymundi et Averroistæ ; une Lamentatio seu expostulatio Philosophie contra Averroïstas. Cette incessante polémique contre les hérésies averroïstes semble prouver que celles-ci comptaient encore, à ce moment, de nombreux partisans en l’Université de Paris.

L’écrit qui doit surtout retenir notre attention est plus ancien, car il fut achevé le 22 Février 1298[2] ; il a pour titre : Declaratio Raymundi per modum dialogi édita contra aliquorum philosophorum et eorum sequacium opiniones erroneas, damnatas a venerabili Pâtre Episcopo Parisiensi. Ce dialogue était demeuré inédit jusqu’à ces dernières années ; il a été publié en 1909 par le P. Otto Keicher.

Au préambule, nous voyons 3 Raymond qui songe tristement auprès d’une fontaine, à l’ombre d’une forêt voisine de Paris, probablement du bois de Vincennes, d’où sont datés certains écrits de Lull. Le Franciscain tient en mains un livre Sur les erreurs de quelques philosophes, celui, sans doute, que nous avons analysé au début de ce Chapitre ; sa pensée s’étonne « que Dieu, qui est la

1. P. Otto Keïcher, O. F. M.t fïaymundus Lul/us und seine Stelluny rur Arabisehen Philosophie, Mit einem Anhang, enthallend die zutn ersten Afale veroffenllichle <c ÆecZara/z’o Raymundi per tftodum dialogi édita » (Beitrdge zur Gescàichle der Philosophie des Mlllelallers, Bd. VIII, Heft 4-5, Müuster, 1909) 11L Abschmitt : Averroismus und Lullismua, L Kap,, pp. 53-51.

2. P. Otto Keicher, Op. laud,, p. 52.

3. P. Otto Keicher, Op. laud,, pp. 95-96.

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