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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

les vertus par lesquelles ils agissent sur les choses d’ici-bas, la nature de la lumière qui est eu eux, l’obscurité des éclipses ; il ne dit point de quelle sorte sont les mouvements de chaque planète, quel en est le nombre ; il ne précise rien louchant la contiguïté des orbes, leur nombre, la distance à la Terre des divers cieux et des divers étoiles, l’épaisseur des cieux et la grandeur des étoiles ; il agit de même au sujet des autres vérités particulières qui sont relatives aux choses du ciel… Il en est ainsi presque partout, en ses autres livres de Science naturelle…

» Non seulement les généralités seules sont traitées en ces livres d’Aristote, mais encore certaines questions nécessaires, encore qu’elles soient générales, y sont fort imparfaitement étudiées. »

Quant aux sciences particulières, qui descendent jusqu’au détail des phénomènes, il n’en est fait presque aucune mention dans les écrits du Stagirite.

« Il est une science[1] qui enseigne comment les choses sont engendrées à partir des cléments et qui traite de toutes les substances inanimées, telles que les éléments, les humeurs simples et composées, les pierres communes, les gommes, les marbres ; … de tout cela, nous ne trouvons rien dans les livres d’Aristote. »

« Après ces sciences, il en est une qui est plus parfaite que toutes les autres[2] ; toutes les autres en sont les servantes, tandis qu’elle-même, d’une admirable manière, leur confère la certitude ; on la nomme la Science expérimentale ; elle dédaigne les argumentations car, si fortes soient-elles, elles ne donnent pas la certitude, à moins d’être accompagnées de la vérification expérimentale de la conclusion… Cette science enseigne donc à contrôler par l’expérience les plus nobles conclusions des autres sciences, celles qui, dans les autres sciences, sont prouvées par des arguments ou découvertes par des expériences exemptes d’artifice et imperfection ; c’est Là une des prérogatives qu’a cette science… touchant les conclusions de la Physique et do la Perspective, conclusions qui sont les vérités que nous devons connaître au sujet de l’arc-en-ciel et des cercles colorés qui entourent le Soleil, la Lune ou les étoiles…

» Les physiciens, à propos du livre Des météores d’Aristote, et ceux qui s’adonnent à la Perspective, s’efforcent d’établir, au sujet de ces questions, des conclusions certaines, mais c’est en

1. Rogeri Baconis Opus tertiam, Cap.Xïl (Fr, Rogeri Bacon Opéra fjuædam hactenus inedita, éd. J. S. Brewer, London, (85g ; p, 3g),

2. Rogeri Bacon Opt laud., Cap* XIII ; éd, cil., p. 43.

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