Page:Duhem - Le Système du Monde, tome V.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
LA KABBALE

Le mot Idra signifie Assemblée ; les opuscules auxquels il sert de titre rapportent des entretiens présidés par Rabbi Siméon ou Simon ben Jochaï, et tenus avec ses amis et ses disciples.

Le Zohar conserve trois Idra qui sont :

L’Idra De-Maschcana ou Assemblée du Sanctuaire[1] ;
L’Idra rabba kadischa ou Grande et sainte Assemblée[2] ;
L’Idra zouta kadischa ou Petite et sainte Assemblée[3].

Selon Jean de Pauly[4], « ce serait une grave erreur que de supposer que Rabbi Siméon est l’auteur des Idra… Rabbi Siméon était simplement un des dépositaires des mystères contenus dans les Idra, et il les révélait à ses disciples pendant certains jours solennels, surtout le jour de sa mort (Idra zouta). Évidemment, Rabbi Siméon fit accompagner les Idra de quelques observations et remarques explicatives, surtout lorsque ses disciples lui en demandaient. À part les quelques questions des disciples et les réponses du maître, le texte des Idra est de beaucoup antérieur à Rabbi Siméon, lequel n’en parle qu’avec la plus profonde vénération ; il l’appelle l’Idra sacré ».

Guidé par un passage d’un écrit rabbinique composé au viiie siècle de notre ère, le Halakhoth Guedoloth, traité Meguila. Pauly est conduit à penser que « les Maîtres de l’Idra vivaient déjà trois siècles avant J.-C. ».

Bien des critiques, peut-être, refuseront de suivre le traducteur du Zohar jusqu’à cette audacieuse conclusion ; du moins n’est-il pas douteux que, par son aspect archaïque, le texte des trois Assemblées se distingue du reste de l’ouvrage.

Ajoutons qu’à plusieurs reprises, au cours de l’Idra rabba, nous rencontrons cette formule : « Nous avons appris dans le Livre occulte ». Le Siphra Di-Zenioutha, dont le Zohar conserve un extrait, paraît donc plus ancien que les Idra ; il semble les avoir inspirées.

Collection de commentaires composés à différentes époques sur des ouvrages divers et très anciens, le Zohar ne saurait nous promettre une doctrine simple et dont toutes les parties concordent exactement ; nous devons nous attendre à ce que plusieurs traditions, rendues plus multiples encore par des interprétations variées, y entrelacent leurs enseignements : nous pouvons prévoir qu’il sera malaisé de dissocier ces pensées les unes des autres et

  1. Zohar, II, fol. 122b à fol. 123b ; t. III, pp. 469-478.
  2. Zohar, III, fol. 127b à fol. 145ab ; t. V, pp. 329-374.
  3. Zohar, III, fol. 287b à fol. 296b ; t. VI, pp. 77-121.
  4. Zohar, t. VI, pp. 354-355, note 1348.