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LA KABBALE

de la Création ou Sepher Ietzirah, et le Livre de la Splendeur ou Sepher ha-Zohar.

Sepher lelzirah[1] a été imprimé en hébreu à Mantoue, en 1562, et à Amsterdam, en 1642 : il est, dans ces deux éditions, accompagné d’un commentaire hébraïque dû à un rabbin du quinzième siècle, le faux Abraham ben Dior ou ben David. Il est impossible de découvrir ie nom de l’auteur du Sepher Ietzirah, non plus que le temps où cet ouvrage fut composé. Tout ce qu’on peut dire de certain touchant l’âge de cet ouvrage, c’est qu’il fut, au dixième siècle de notre ère, traduit en arabe et commenté par Rabbi Saadiah.

Traité très obscur, le Sepher Ietzirah n’a jamais été traduit dans aucune des langues chrétiennes ; aussi n’en avons nous pu rien connaître, si ce n’est ce qu’en dit Ad. Franck, et c’est fort peu de chose.

C’est au Livre de la Splendeur, au Sepher ha-Zohar que nous demanderons presque uniquement de nous renseigner sur les doctrines de la Kabbale.

Sous le titre de Zohar, qui signifie Lueur ou Splendeur, furent imprimées simultanément, en 1559, à Crémone et à Mantoue, deux éditions d’un vaste recueil d’homélies et de commentaires mystiques sur le Pentateuque. Le nom de Zohar n’était pas, dans l’origine, celui qu’on donnait à ce recueil. Pic de la Mirandole possédait trois manuscrits kabbalistiques dont, au xviie siècle, la description et le résumé furent donnés par Gaffarel[2] ; parmi les manuscrits de Jean Pic se trouvait celui qui fut plus tard imprimé sous le titre de Zohar ; mais il ne portait pas ce titre.

Ni l’édition de Crémone ni l’édition de Mantoue n’est complète : plusieurs sections y font défaut, que contenait le manuscrit de Pic. Nous verrons, d’ailleurs, dans un instant que le Zohar contenait primitivement deux sortes de textes : les uns étaient composés en araméen, les autres en hébreu ; or ces derniers textes ne figurent plus dans les éditions imprimées, qui sont tout entières en araméen.

Une traduction française du Sepher ha Zohar a été donnée par Jean de Pauly : après la mort de cet érudit, elle a été publiée par M. Émile Lafuma-Giraud[3].

  1. Ad. Franck, Op. laud., ch. II, pp. 55-64.
  2. Gaffarel, Codicum cabbalisticorum manuscriptorum quibus est usus Joannes Picus, comes Mirandulanus, Index. Parisiis, ap. H. Blageart, 1651.
  3. Sepher ha-Zohar (Le Livre de la Splendeur). Doctrine ésotérique des Israélites. Traduit pour la première fois sur le texte chaldaïque et accompagné de notes par Jean de Pauly. Œuvre posthume, entièrement revue, corri-