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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

ne révoque en doute : Tous les mouvements naturels des corps inférieurs ont pour cause le mouvement du corps céleste ; ç’a été, en effet, rationnellement prouvé par les philosophes, c’est manifesté par l’expérience, et c’est confirmé par l’autorité des saints… De là cette conséquence : Tout cequi se meut naturellement est mû en vertu du ministère par lequel les anges meuvent les corps célestes. »

Et au cinquième article, le Doctor communis répond :

« Les philosophes, tant platoniciens que péripatéticiens, se sont efforcés de prouver cette proposition par des raisons qu’ils ont tenues pour efficaces ; leurs raisonnements se fondent sur l’ordre des choses qui a été décrit ci-dessus ; selon cet ordre, Dieu gouverne les choses inférieures par l’intermédiaire des choses supérieures ; cela, nous le tenons également de la tradition des saints docteurs.

» D’ailleurs, que les corps Célestes soient mûs par leur seule nature, connue le sont les graves et les corps légers, c’est tout à fait impossible ; à moins donc qu’ils ne soient mûs immédiatement par Dieu, il en résulte ou bien que les corps célestes sont animés et sont mûs par leurs propres âmes, ou bien — et c’est ce qu’on peut dire de mieux — qu’ils sont mûs par des anges. Cependant, il s’est rencontré des philosophes pour dire que le premier des corps célestes était mû par Dieu, et qu’il n’était point mû par l’intermédiaire d’une intelligence, mais par l’intermédiaire d’une âme propre à ce corps ; d’autres ont enseigné que les corps célestes étaient mûs par l’intermédiaire d’intelligences et d’âmes. »

Cette réponse reflète l’incertitude que l’esprit de Saint Thomas d’Aquin n’a jamais pu dissiper touchant l’exacte nature des moteurs célestes ; toutefois, l’opinion qui a ses préférences, (quod melius dicitur), c’est que les anges sont les moteurs des corps célestes.

Fort semblable au langage qu’il avait tenu, à Jean de Verceil est le langage que Saint Thomas tient à un certain lecteur de Venise qui lui avait posé nombre de questions[1].

La première question était ainsi libellée : « Les anges sont-ils les moteurs des corps célestes ? » — « Non seulement, répond le Docteur, les philosophes l’ont prouvé de multiple façon, mais, en outre, les saints docteurs l’ont affirmé donc manière évidente. »

« Mais certaines personnes ont-elles jugé que cela avait été prouvé d’une manière infaillible ? » — « À cela, voici ce que je réponds :

  1. Sancti Thomæ Aquinatis Opusculum XI Responsio ad lectorem venetum de articulis 36.