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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

terminant le traité des animaux, Albert le Grand écrivait : « Jam expletus est liber animalium, et in ipso expletum est totum opus naturarum. » Il croyait donc, en ce moment, qu’il avait achevé l’encyclopédie de Physique promise à ses frères. Il dut bientôt reconnaître qu’une pièce manquait, celle qui devait se trouver au sommet de l’ouvrage ; après avoir traité des êtres qui n’ont que l’âme végétative et de ceux qui sont pourvus d’une âme sensitive, il lui restait à étudier l’âme raisonnable de l’homme ; il composa donc cet opuscule intitulé De natura et origine animæ.

Que cet opuscule ait été composé après les vingt-six livres du traité animaux, cela est surabondamment démontré, car il contient, à ces livres, de très nombreux renvois[1].

21o Metaphysica sive de prima Philosophia. Ayant achevé son exposé encyclopédique de la Physique, Albert aborde la rédaction de la Métaphysique. Ce dernier ouvrage, en effet, débute par la déclaration suivante : « Naturalibus et doctrinalibus jam quantum licuit scientiis elucidatis, jam ad veram Philosophiæ sapientiam accedamus. »

Que la Métaphysique ait été rédigée après le De immortalitate animæ, nous en avons l’assurance, car elle cite[2] ce dernier opuscule.

Albert a donc mené jusqu’au bout l’exposition des doctrines professées en Physique et en Métaphysique par Aristote et par ses continuateurs. Vingt-et-un traités composent cette œuvre colossale ; comme nous l’avons vu, l’ordre suivant lequel ces vingt-et-un ouvrages ont été produits peut être déterminé par des remarques qui ne laissent aucune place au doute ni à la conjecture.

La laborieuse activité d’Albert ne cessa pas de s’exercer au moment où il écrivit la dernière ligne de sa Métaphysique. Sa plume infatigable ne se lassa pas de produire de nouveaux ouvrages destinés à compléter ou à retoucher le monument qu’il avait élevé à la gloire de la Philosophie péripatéticienne. Parmi ceux que nous aurons à citer, en ce chapitre ou plus tard, il en est trois dont la rédaction est certainement postérieure à celle de la Métaphysique.

De ces trois écrits, nous mentionnerons en premier lieu le De unitate intellectus contra averroem. Dès le premier chapitre de cet ouvrage, nous lisons : « Sicut ostendimus summatim in XIo libre

  1. Par exemple, tract. I, capp. III, IV et V.
  2. Alberti Magni Metaphysica, lib. XI, tract. I, cap. IX.