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LES QUESTIONS DE BACON

demment dénuée de tout sens. Ce sera plus tard le jugement de Bacon.


V
LE PRINCIPE D’INDIVIDUATION

Si la notion d’essence a été l’objet, au sein de l’École, de discussions nombreuses, ardentes et singulièrement épineuses, la nature du principe d’individuation n’a guère soulevé moins de débats. Ces débats, un temps devait venir où Bacon les tiendrait pour pures jongleries de mots autour d’une question qu’un homme sensé ne doit pas poser ; mais ce temps n’était pas encore, lorsque notre maître ès arts commentait, à l’Université de Paris, la Métaphysique d Aristote. Dans la seconde série de questions sur cet ouvrage, le sixième livre donne lieu à une étude détaillée du principe d’individuation ; cette étude se déroule sous les titres suivants[1] :

I. Quæritur quæ partes ingrediuntur diffinitionem et quæ non ; sed primo de diffinibili. Quæritur, cum duplex sit totum, scilicet universale et particidare, de toto particulari individuo, quod est maxime unum ; de causa suæ individuationis scilicet, et quid facit hujusmodi individuum esse individuum.

II. Quæritur de illis cousis, utrum principia rei debent esse cause efficientes hujus individuationis.

III. Quæritur ergo, si aliquod istorum, Quæritur quod istorum, scilicet vel materia tantum, vel forma tantum, vel utrumque.

IV. Quia suppositum quod materia est causa individuationis, ideo Quæritur utrum ipsa sida causet individuationem.

V. Ideo Quæritur quid istorum (sic) sit magis causa individuationis, an materia vel forma.

VI. Quæritur utrum possibile sit ponere naturam individuationis in hiis quæ habent formam solum, exclusa omni materia, ut in ydeis platonicis.

Guillaume d’Auvergne nous a enseigné qu’une certaine théorie de l’individuation se trouvait, de son temps, fréquemment soutenue ; cette théorie prétendait qu’une substance est individualisée par ses accidents ; pour appuyer cette doctrine, on faisait appel à l’autorité de Boëce.

  1. Ms. cit., fol. 102, Coll. a, b, c, d.