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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

fortifiée et excitée par deux agents extérieurs, un agent particulier, le père de l’homme qui va être engendré, et un agent universel, les constellations célestes, qui président à toutes les transformations du monde sublunaire.

Moyennant cette aide, la forme incomplète nient, du mouvement qui constitue la génération, la matière au sein de laquelle elle réside, devenue forme complète, elle ne sera plus capable d’un semblable effet. Le seul mouvement qu’elle pourra encore communiquer a la substance dont elle fait partie, ce sera un mouvement local. Ainsi la forme substantielle d’un grave ne pourra plus, au sein de ce grave, être l’agent d’aucune génération ; elle pourra seulement donner à ce grave le mouvement naturel vers le centre du Monde ; encore lui faudra-t-il, pour cela, l’excitation et l’aide du Ciel, comme nous le verrons lorsque nous étudierons la théorie de la pesanteur que soutient Bacon.

Ces réflexions sont celles que notre maître ès arts résume en ces termes[1] :

« Une fois qu’elle a été amenée à l’acte, cette puissance [active] ne peut plus imposer à sa matière une transformation qui constitue une génération, une corruption, une altération ou un changement de cette sorte. Elle peut, toutefois, lui imposer la transmutation qui consiste en un changement de lieu, et cela lorsqu’elle a reçu de la cohésion de la part des corps célestes et de l’agent universel. Tandis, donc, qu’elle se trouve sous cette existence incomplète qui attend son complément par voie de génération, elle peut mouvoir sa matière vers la génération ; elle ne le peut plus lorsqu’elle se trouve sous une existence complète, car la génération est la voie qui mène de l’incomplet au complet ; mais elle peut encore mouvoir cette matière vers un lieu. »


IV
l’essence et l’existence


La quiddité dune chose, c’est ce qu’on définit lorsqu’on répond à la question suivante : Cette chose, qu’est-elle ? quid est ? Or, répondre à une semblable question, c’est décrire l’essence deceite chose, en sorte que quiddité et essence sont termes synonymes.

Qu’est-ce qui constitue la quiddité ou essence d’une chose ?

  1. Ms. cit., fol. 101, col. a.