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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

« Il faut dire, à ce sujet, que les universaux sont les principes de la connaissance ; l’intelligence pure, séparée des représentations de l’imagination, a le pouvoir de contempler la première Lumière qui est la Cause première ; ces principes de la connaissance, ce sont les raisons incréées des choses qui, de toute éternité, existent en la Cause première. En effet, les notions des choses qui devaient être créées, notions qui ont existé éternellement en la Cause première, sont les raisons et les causes exemplaires des choses qui devaient être créées. Ces raisons sont, elles-mêmes, créatrices ; ce sont elles que Platon appelait idées ; elles composent ce qu’il a nommé monde archétype ; ces raisons sont, à son avis, les genres et les espèces ; elles sont les principes de la connaissance ; en effet, lorsque l’intelligence pure peut fixer sur elles son intuition, en elles elle connaît, d’une manière très véritable et très manifeste, les choses créées ; et non seulement elle connaît les choses créées, mais encore la Lumière première dans laquelle elle connaît tout le reste. Il est évident que ces universaux sont absolument incorruptibles.

» En second lieu, dans la lumière créée qui est l’Intelligence, résident la connaissance et la description de toutes les choses créées qui viennent après elle. L’intelligence humaine qui n’est pas assez complètement purifiée pour pouvoir contempler immédiatement cette lumière créée qui est l’Intelligence ; dans les descriptions que contient l’intelligence, elle connaît les choses qui viennent après cette Intelligence, choses dont ces descriptions sont les formes exemplaires. En effet, les connaissances des choses subséquentes à l’Intelligence, connaissances qui résident en la pensée même de l’Intelligence, ce sont les formes exemplaires et, aussi, les raisons causales créées des choses qui doivent être faites après l’Intelligence. Car c’est par la vertu de la Cause première, mais par l’intermédiaire des Intelligences, que les espèces corporelles ont été promues à l’existence. Ces idées créées deviennent donc des principes de connaissance pour l’intelligence [humaine] éclairée par leur rayonnement ; dans cette intelligence, elles sont les genres et les espèces. Il est encore manifeste que ces universaux-là sont incorruptibles.


    appositas (sic) ad studiosorum memoriam confirmandam. Habes preterea questiones de mixta scilicet syllogismi generatione, et de demonstratione ab eodem in lucem editas : que ut breves, te tamen, quod spero, mirum in modum delectabunt iuvabuntque. Venetijs, 1537. Colophon : Venetijs apud Octavianum Scotum. 1537. Fol. 2, col. a : Divi Roberti Linconiensis Archiepiscopi Parisiensis feliciter incipiunt. Lib. I, cap. VII fol. 8, Coll. a et b.