Ab omni possibli et ab omni quod est necesse esse per aliud, est separabile suum esse.
Il regarde le terme esse comme ayant le même sens dans les deux formules, le sens qu’on est convenu d’exprimer en français par le terme existence quand on expose la Métaphysique d‘Avicenne.
Il va donc sans dire que ce qui s’oppose à l’esse est, lui aussi, identique dans les deux formules ; partant que la notion exprimée par Boëce à l’aide des mots : id quod est est celle que les traducteurs d’Avicenne expriment par quidditas, que Saint Thomas d’Aquin désigne par essentia.
Prenant donc essence et existence avec la signification qu’on donne à ces termes depuis Saint Thomas, nous pouvons dire que Guillaume d’Auvergne pose ces deux équivalences :
Existence = esse,
Essence = id quod est.
Si nous suivons, d’ailleurs, son exposé, nous y trouvons, formellement exprimées, ces diverses équivalences :
Esse = entitas = id quo est,
Id quod est = quid est = ipsum ens = substantia completa = ratio = essentia.
Lors donc qu’aux formules de Boëce el d’Al Gazâli, il substitue celle-ci, qu’il donne pour équivalente à toutes deux :
Omne ens aliud [a primo Principio] est quodammodo compositum
ex eo quod est et ex eo quo est,
nous savons, à n’en pas douter, que, par id quod est, il entend
exactement ce que le traducteur d’Avicenne entend par quidditas
et les Thomistes français par essence, tandis qu’aux mots id quo
est, il donne le sens que le traducteur d’Avicenne donne au mot
esse et les Thomistes français au mot existence.
Ce n’est pas seulement le sens général de la proposition de Boëce qui se trouve altéré par cette transformation néo-platonicienne.
L’id quod est de la formule primitive :
Citra Primum quicquid est, est ex id quod est et esse,
n’avait pas du tout le sens qu’a pris le id quod est de la formule
modifiée ;
Omne eus aliud a Primo est compositum ex eo quod est et ex eo quo est.
Dans la formule de Boëce, l’id quod est, c’était l’objet concret, existant dans sa singularité ; l’esse, c’était l’essence, entendue au sens de forme spécifique, comme dans la doctrine de Thémistius.