le Verbe ». Il remarque que la connaissance de cette Sagesse est chose si haute « que la nation des Hébreux ne l’a pas atteinte, si ce n’est, peut-être, par quelques-uns de ses saints et de ses sages, c’est-à-dire par ses prophètes et par quelques autres qui l’ont reçue des prophètes.
» Quant à la nation des Arabes, elle n’en a pas, en général, eu connaissance, et même, selon l’erreur par laquelle elle a été séduite, elle en nie la possibilité.
» Le théologien Avicébron, bien qu’il paraisse Arabe de nom comme de langue, a évidemment possédé cette connaissance, car il en a fait expresse mention dans le traité qu’il a appelé Fons sapientiæ où il consacre un livre particulier au Verbe de Dieu qui fait toutes choses : aussi, je pense qu’il était chrétien ; l’empire des Arabes, en effet, était, il n y a pas fort longtemps, soumis tout entier à la religion chrétienne, comme nous le manifestent les récits de l’histoire.
» Quelques-uns des anciens philosophes ont également eu cette connaissance, tel Platon et Mercure ; Mercure surtout, car il a écrit, sur le Verbe parfait, un livre entier qu’il a, pour cette raison, intitulé Λογιστέλειος. »
Cet ouvrage de l’apocryphe Hermès Trismégiste est, aujourd’hui, inconnu. Le Λόγος τέλειος ou Λογιστέλειος[1] est un livre que Lactance attribuait à cet auteur ; le traité Contra quinque hæreses, qu’on mettait au compte de Saint Augustin, le citait, et toute la Scolastique latine s’était empressée de reproduire cette citation.
Parmi les erreurs attribuées à « Aristote et à ceux de sa suite », celle que Guillaume combat avec le plus d’acharnement, c’est l’erreur qui, après la mort, confond en une âme unique toutes les âmes humaines ; c’est assurément, à son avis, l’hérésie la plus grave et la plus dangereuse qu’il y ait dans toute la Philosophie contre laquelle il lutte. Contre elle, l’argumentation doit s’aider de la force « Contre cette erreur relative à l’âme humaine[2], les hommes de toutes sortes doivent s’armer non seulement de raisons et de preuves, mais encore du fer et de tourments de tous genres, afin de l’exterminer ; cette erreur, en effet, enlève aux âmes
- ↑ Voir à ce sujet : M. Baumgartner, Die Philosophie des Alanus de Insulis im Zusammenhange mit den Anschauungen des 12. Jahrhunderts, p. 13 et p. 115 (Beiträge zur Geschichte des Mittelalters, Bd. II, Heft IV ; Münster, 896).
- ↑ Guillermi Parisiensis Episcopi De Universo secunda pars principalis, pars I, cap. X ; éd. 1516, t. II, fol. CCII, col. a ; éd. 1674, p. 772, coll. a et b.