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GUILLAUME, ALEXANDRE, ROBERT

Intelligences, ni les admettre en tel nombre que l’ont supposé Aristote et ses successeurs. »


C. L’Âme du Monde.


À quel système, Guillaume accordera-t-il ses suffrages ? À celui qui représente, du moins à son avis, la pensée de Platon : Une âme unique, celle du ciel suprême, donne la vie et le mouvement à tous les cieux inférieurs[1]. Nous avons vu[2], lorsque nous avons étudié les théories astronomiques de l’Évêque de Paris, comment cette hypothèse, qu’il croit platonicienne, se confond, pour lui, avec l’hypothèse mal connue d’Alpétragius.

« Je dis qu’à mon avis[3], l’opinion de Platon ne fut pas que le Monde entier est un animal unique, mais seulement le Ciel, c’est-à-dire tout ce qui se trouve depuis la sphère de la Lune jusqu’à la dernière des sphères mobiles. » Pourquoi Guillaume tient tant à borner aux sphères célestes l’empire de l’âme du Monde et à en distraire la sphère des quatre éléments, il nous le montre de suite.

C’est, d’abord, que « cette Âme du Monde n’est pas[4] celle qui donne leur perfection aux corps des hommes, non plus qu’aux corps des animaux et des végétaux. » On ne court point le risque de lui voir jouer le rôle qu’« Aristote et ceux de sa suite » faisaient jouer à l’intelligence active, ce qui ferait renaître l’hérésie monopsychiste.

En second lieu[5], les mouvements célestes, que cette Âme produit, seront sans influence sur tout ce qui se passe au sein du monde sublunaire. « Cette opinion détruit donc l’Astrologie judiciaire. »

« En effet[6], par rapport au monde sublunaire, l’influence de l’Âme céleste se ramifie et se subdivise en une multitude de vertus et d’opérations, aussi bien selon Platon que selon Aristote, ceux de sa suite et tous ceux qui ont cru au jugement par les astres. Tous ces gens-là, en effet, ont admis que toute la diversité des

  1. Guillermi Parisiensis Episcopi De Universo secunda pars principalis ; éd. 1516, pars II, tractus de Providentia, cap. VII, t. II, fol. CXCIII, col. c ; éd. 1674, cap. XXIV, pars III, cap. XXIV, p. 755, col, a.
  2. Voir : Seconde partie, Ch. V, § IV ; t. III, pp. 258-260.
  3. Guillaume d’Auvergne, loc. cit. ; éd. 1516, t. II, fol. CXCII, col. d, et fol. CXCIII, col, a ; éd. 1674, loc. cit.
  4. Guillaume d’Auvergne, loc. cit. ; éd. 1516, t. II, fol. CXCIII, col. c ; éd. 1674, fol. 756, loc. cit.
  5. Guillermi Parisiensis Episcopi De Universo secunda pars principalis ; éd. 1516, pars II, tractus de Providentia, cap. VII, t. II, fol. CXCII, col. b ; éd. 1674, pars III, cap. XXVIII, p. 754, col. a.
  6. Guillermi Parisiensis Episcopi De Universo secunda pars principalis ; éd. 1516, pars II, tractus de Providentia, cap. VII, t. II, fol. CXCIII, col. c ; éd. 1674, cap. XXIV, pars III, cap. XXIV, p. 755, col, a.