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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

tout tiré de Scot Erigène, dont il avait, d’ailleurs, faussé la pensée et rendu la doctrine suspecte, injustement et pour des siècles. David de Dinant, au contraire, avait puisé son Monisme aux sources récemment dérivées vers les Latins ; l’audacieuse formule qui résumait cette doctrine, quelques-uns des arguments dont elle s’autorisait venaient d’un apocryphe arabe donné sous le nom d’Alexandre d’Aphrodisias ; les raisonnements que le faux Alexandre n’avait peut-être pas dictés, s’étaient, sans doute, laisse guider par les méthodes d’Ibn Gabirol ou d’Al Fârâbi. En lisant cette proposition : Dieu, l’Intelligence et la Matière première sont une seule et meme chose, Robert de Courçon pouvait, à bon droit, redouter l’influence des philosophes hellènes, juifs ou musulmans qui avaient donné l’énoncé d’une telle hérésie et fourni les moyens de la rendre vraisemblable.