DANS LA SCOLASTIQUE LATINE
ET LA SCOLASTIQUE LATINE
La Scolastique latine avait, peut-on dire, passé toute son enfance et toute sa jeunesse sans connaître d’autre Métaphysique que la Métaphysique platonicienne ou néo-platonicienne. Jusqu’au milieu du xiie siècle, on n’avait lu, dans les écoles de la Chrétienté occidentale, d’autre œuvre d’Aristote que l’Organon. Bien loin donc que le Stagirite apparut alors comme le Philosophe complet qu’il est et que, plus tard, on saluera en lui, il semblait n’être qu’un logicien, qu’un dialecticien. L’homme en qui les doctes admiraient la plénitude de l’esprit philosophique, c’était Platon ; « Platon, le plus grand philosophe qui soit au monde, » disait Scot Érigène.
Deux courants avaient versé la pensée platonicienne aux Écoles latines ; l’un de ces courants était chrétien et l’autre païen. Le Néo-platonisme chrétien s’était d’abord alimenté aux écrits de Saint Augustin : au temps de Charles le Chauve, lorsque Scot Érigène traduisit les traités de Denys, l’afflux d’une nouvelle source le vint grossir. Plus maigres étaient les ruisselets de Néo-platonisme païen qui mêlèrent leurs eaux à ce torrent de Platonisme chrétien ; ce furent, d’abord, les Noces de la Philologie et de Mercure de Martianus Capella et le Commentaire au Timée de Chalcidius ; ce fut ensuite le Commentaire an Songe de Scipion de Macrobe.
Au confluent de ces deux courants, d’audacieuses synthèses s’étaient formées, la plupart du temps très originales, très différentes les unes des autres ; mais ces doctrines portaient toutes,