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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

poser une nouvelle théorie, « Dans ce traité, dit-il[1], notre intention, c’est de rechercher quelles hypothèses on doit faire sur le système des corps célestes et sur le nombre de ces corps, si l’on en veut tirer une explication complète des mouvements observés, une explication qui concorde avec les variations de grandeur observées dans les étoiles, et qui soit conforme aux principes fondamentaux de la Physique. »

Les astronomes de Paris, un Jean de Jandun par exemple, en étaient venus à faire leur cet axiome de la Science grecque : Les hypothèses de l’Astronomie ne sont pas des propositions de Physique : elles n’ont d’autre objet que de sauver les phénomènes aussi exactement et aussi simplement que possible. Lévi ben Gerson ne leur accorderait pas cette opinion. Il veut que les doctrines de la Physique concourent avec l’expérience pour déterminer les suppositions que l’astronome admettra. « Nous déclarerons[2] que, dans le mouvement des astres errants, pour découvrir des racines certaines, nous ne saurions nous appuyer seulement sur les expériences et sur le sens ; il nous faut avoir, en outre, certaines raisons doctrinales et certains arguments magistraux ; nous enseignerons le moyen de découvrir ceux-ci et celles-là. — In 49o declarabimus quod ad inveniendum radices certas in motibus planetarum non possimus tantum inniti experientiis et sensi ; sed oportet hubere rationes aliquas doctrinales et magistralia argumenta, et eas ac ea docebimus invenire. » Notre auteur croit, d’ailleurs, qu’il a pu construire un système aussi conforme aux principes de la Physique qu’aux données de l’observation. « Par la supposition que nous venons de présenter[3], on sauve tout ce qui apparaît dans le mouvement des astres errants, touchant la variation de leur diamètre apparent et touchant leurs mouvements apparents en longitude. latitude et diversité de distance à la Terre. — In 50o declarabimus quod per positionem nostram ante expositam salvantur omnia que apparent in motibus planelarum quantum ad diversitatem quantitatis eorum vise motuumque suorum apparentium in longitudine, latitudine et diversitate. »

Ce système astronomique qui donne à son auteur si pleine satisfaction, en quoi donc consiste-il ? À l’aide des titres de chapitres copiés par Renan, à l’aide des trop brèves indications données par M. Carlebach, nous allons nous efforcer de le deviner.

  1. J. Carlebach, Op. laud., p. 41.
  2. Lévi ben Gebson, Ifï/cAamof Adb/iaG livre V, eh. XLIX. — E Renan, Op. laud., p. 636.
  3. Lévi ben Gebson, Milchamot Adonaï, livre V, ch. L.