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MOÏSE MAÏMONIDE ET SES DISCIPLES

au commencement de 1306, Jacob ben Makir est déjà mentionné comme décédé[1]. »


III
LÉVI BEN GERSON


Chassés de France, les Juifs cherchèrent refuge dans les pays voisins, aux frontières desquelles expirait l’autorité de Philippe-le-Bel ; la Catalogne et la Provence les recueillirent ; dans ces contrées, d’ailleurs, se poursuivaient les discussions philosophiques qui avaient pris naissance à Lunel ou à Montpellier ; c’est ainsi que Profatius trouva, peut-on dire, un continuateur en la personne de Lévi ben Gerson[2].


A. Lévi ben Gerson astronome


À Lévi ben Gerson, on a souvent décerné des éloges extraordinaires ; on en a parlé comme d’un homme dont les connaissances auraient grandement surpassé la science de son temps : mais de la science qu’on possédait au temps de Lévi ben Gerson se faisait-on toujours une idée très exacte ? Peut-être, avant d’exposer les principales doctrines philosophiques du rabbin de Bagnols, sera-t-il bon de marquer ce qu’il y a de juste et de fondé dans cette très grande renommée.

Cette renommée a fait surtout valoir les travaux astronomiques de maître Léon le Juif.

  1. Ernest Renan, Op. laud., p. 601.
  2. Voir : Seconde partie, ch. VIII, § VII ; t. IV, pp. 39-40.

    Aux renseignements que nous avions donnés en cet endroit sur la vie de Lévi ben Gerson, nous en pouvons joindre un, qui concerne la date de sa mort. Cette date nous est révélée par les dernières lignes de la Prognosticatio que nous avons signalée au t. IV, p. 38 ; en effet, ces dernières lignes sont les suivantes :

    « Magister Leo, morte preventus anno Christ 1344o, die 20 mensis aprilis, circa meridiem, de hac conjunctione nil amplius ordinavit. Ego vero frater Petrus de Alexandria, ordinis fratrum Heremitarum Sancti Augustini, cum adjutorio magistri Salomonis, fratris carnalis predicti magistri, istud inventum et ordinatum per eum, de hebreo transtuli in latinum, anno quo supra, sue sententie nil addendo, nichil in aliquo minuendo. »

    Lévi ben Gerson est donc mort le 20 avril 1344.

    Pierre d’Alexandrie, à qui nous devons cette traduction et l’indication qui la termine est aussi celui qui avait, à la demande du pape, traduit le traité de Lévi sur le bâton de Jacob (Voir : tome IV, p. 40).

    Nous extrayons ce renseignement, et beaucoup de ceux qui vont suivre dans le texte, de l’ouvrage que voici : Ernest Renan, Les écrivains juifs français du XIVe siècle (Histoire littéraire de la France, t. XXXI, 1893, p. 643).