Page:Duhem - Le Système du Monde, tome V.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE VII
MOÏSE MAÏMONIDE ET SES DISCIPLES

I
la philosophie de moïse maïmonide


Ce n’est qu’indirectement[1], par l’impulsion nouvelle qu’il donna aux études juives, que Maïmonide fonda chez ses coreligionnaires l’autorité d’Ibn Rochd. Maïmonide et Ibn Rochd puisèrent à la même source, et, en acceptant chacun de leur côté la tradition du Péripatétisme arabe, arrivèrent à une Philosophie presque identique… Pour qu’une telle doctrine pût s’appeler Averroïsme, il n’y manquait que le nom d’Averroès. »

Ces lignes sont d’Ernest Renan. De la position prise en Philosophie par Maïmonide, on pourrait malaisément donner une plus fausse idée.

Demandons à Maïmonide lui-même de nous décrire cette position.

Il nous dira, tout d’abord[2], dans quelles limites il est disposé à recevoir l’autorité d’Aristote : « Je le dirai en thèse générale… : Tout ce qu’Aristote a dit surtout ce qui existe au-dessous de la sphère de la Lune, jusqu’au centre de la Terre, est indubitablement vrai ; et personne ne saurait s’en écarter, si ce n’est celui qui ne le comprend pas ou bien celui qui a, d’avance, adopté des opinions erronées et qui veut repousser les objections qui renversent ses opinions erronées. Mais à partir de la sphère de la Lune et au-dessus, tout ce qu’en dit Aristote ressemble, à peu de choses près, à de simples conjectures ; et à plus forte raison, ce qu’il dit de l’ordre des Intelligences, ainsi que quelques-unes de ces opinions métaphysiques

  1. Ernest Renan, Averroès et l’Averroïsrne, pp. 141-142.
  2. Le Guide des Egarés, Traité de Théologie et de Philosophie par Moïse ben Maimoun dit Maïmonide. Traduit et annoté par S. Munk. Deuxième partie, chapitre XXII. Tome deuxième, Paris, 1861, pp. 179-180.