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LA KABBALE

en repos… Ainsi toutes les parties de l’âme sont en peine jusqu’à ce que la neschamah se trouve à sa place en haut…

» Tant que la partie supérieure de l’âme n’est pas arrivée à la place qui lui est assignée, la seconde ne peut pas pénétrer dans le Paradis d’en bas et la troisième ne trouve pas de repos dans la tombe. Nephesch reste dans la tombe tant qu’il y a des os. »

Voici donc neschamah dans le Monde d’en haut, rouah dans le Paradis terrestre, nephesch dans la tombe, près des restes du corps. Ne croyons pas, cependant, que ces trois parties de l’âme demeurent sans cesse disjointes.

« Tous les sabbats[1], les jours de fête et les premiers de chaque mois (néoménies) les esprits intellectuels montent, couronnés, en haut, au Paradis supérieur, où le Saint (béni soit-il !) les traite comme il traite les âmes (neschamoth)… afin qu’on ne croie pas que le Saint (béni soit-il !) délaisse l’esprit intellectuel (rouah) pour ne s’occuper que de l’âme (neschamah). »

Dans l’Éden d’en bas, « rouah[2] prend la figure du corps qu’il avait ici-bas, à l’aide d’une enveloppe qui l’y entoure… Les jours de sabbat, de néoménie et de fête, il remonte dans les régions supérieures ; mais il revient ensuite à sa place. »

« Le sabbat et les jours de fête[3], les esprits se dépouillent de leurs enveloppes et montent dans la région supérieure pour y jouir de la contemplation de la gloire de leur Maître. »

Cette glorification de l’esprit intellectuel s’accompagne d’une glorification de l’esprit vital et du corps lui-même.

« Alors que neschamah[4] reçoit la couronne sacrée et que rouah remonte dans les régions supérieures, ce qui a lieu les jours de sabbat, de néoménie et de fête, nephesch ranime dans la tombe les os qui reprennent la forme que le corps avait durant son séjour sur la terre. Ce corps ainsi ranimé monte en haut et chante les louanges du Saint (béni soit-il !)… Si l’œil était autorisé à voir ce qui se passe dans la nuit du sabbat, de néoménie et des fêtes, on apercevrait au cimetière des ombres, ayant la forme des corps, qui louent le Saint (béni soit-il !)…

» Le nephesch qui trouve du repos est accueilli par Idoumiam et ses cohortes qui lui ouvrent les portes du Paradis et lui font voir la gloire des justes ainsi que la gloire de son propre rouah. Le nephesch s’attache alors à son rouah et l’entoure comme un

  1. Zohar, II, fol. 97b ; t. III, p. 391.
  2. Zohar, III, fol. 141b ; t. IV, p. 48.
  3. Zohar, III, fol. 156b ; t. IV, p. 89.
  4. Zohar, III, foll. 142a et 142b ; t. IV, p. 49-51.